Occuper Wall Street contre le capitalisme

Publié le 3 Novembre 2011

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Un mouvement social original émerge aux Etats-Unis : Occupy Wall Street. Des individus se rencontrent près de la Bourse de New York et décident collectivement pour lutter contre le capitalisme.

 

Dans une indifférence médiatique qui ne surprend plus, le mouvement d’occupation des places s’étend aux Etats-Unis. Occupy Wall Street s’inscrit dans la vague de contestation qui agite l’Espagne, puis la Grèce. Ce mouvement spontanée, en dehors des organisations traditionnelles, réinventent de nouvelles pratiques politiques.

 

Un nouveau du mouvement social

Le 17 septembre, à l’appel du mouvement Occupy Wall Street, plusieurs centaines de personnes se rassemblent autour de la bourse de New York. Deux cents personnes sont chassées par la police, mais pour revenir encore plus nombreux. Ce mouvement semble peu organisé mais se structure autour de mots d’ordre simples. « Nous sommes 99% de la population et on ne va pas supporter plus longtemps l’avidité et la corruption de 1% » affirment les occupants. « Comme nos frères et nos sœurs en Egypte, Grèce, Espagne, Islande, nous avons prévu d’utiliser la tactique révolutionnaire de l’occupation massive du printemps arabe pour restaurer la démocratie aux Etats-Unis », précise un communiqué.

La police n’hésite pas à arrêter les occupants pour des motifs futiles comme les tags ou le port de masques. A New York, la vie collective s’organise avec des assemblées et des repas. Le mouvement se propage à une dizaine de villes des États-Unis mais reste relativement modeste. Un journal est créé. Des syndicalistes et mêmes des marines vétérans soutiennent le mouvement. Environ 5000 personnes sont passées par le campement au cours de la dernière semaine de septembre. Le samedi 1er octobre un rassemblement de 5000 personnes débouche vers une manifestation. Si la police arrête 700 manifestants, la répression contribue à populariser ce mouvement.

Occupy Wall Street participe à un renouveau des luttes sociales aux Etats-Unis. Récemment, dans le Wisconsin, un important mouvement social éclate contre les mesures d’austérité. Cette lutte, malgré son échec, contribue à une résurgence du syndicalisme et de la contestation sociale.

Occupy Wall Street regroupe beaucoup de jeunes. Les mots d’ordre semblent similaires aux différents mouvements d’occupation des places. La critique de la finance, des inégalités sociales et du capitalisme, la dénonciation de l’oligarchie politicienne et la construction d’une nouvelle démocratie fédèrent ses occupants. Plusieurs manifestations sont organisées et le mouvement semble se développer. Un nouveau mouvement s’est créé, Occupy Oakland, qui appelle à une grève générale.

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Vers une amplification de la lutte

De nombreux penseurs se penchent pour analyser ce mouvement, aussi original que surprenant. Cependant, Occupy Wall Street doit s’inscrire dans la durée et prendre de l’ampleur pour changer la société.

L’anthropologue David Graeber insiste sur le développement de pratiques proches de l’anarchisme. Refus de la hiérarchie, démocratie directe et action directe caractérisent l’organisation du mouvement. David Graeber livre son témoignage sur les balbutiements d’une lutte qui prend progressivement de l’ampleur. La collusion entre les politiciens et le secteur financier est vivement dénoncée par les occupants.  De plus, les espoirs suscités par l’élection d’Obama se sont largement évaporés. Ainsi, le mouvement Occupy Wall Street privilégie l’action directe, avec la réappropriation de l’espace, sans intermédiaire institutionnel.

Naomi Klein, figure du mouvement altermondialiste, insiste sur l’ouverture d’un espace de contestation. Les protestations altermondialistes s’apparentent à des démonstrations aussi spectaculaires qu’éphémères. En revanche, le mouvement Occupy Wall Street se construit progressivement et permet de créer des rencontres.

Carl Davidson, militant du SDS et activiste des années 1960, souligne également l’originalité de ce mouvement. Occupy Wall Street regroupe une population diverse. Des jeunes et des syndicalistes et des individus issus de différents milieux sociaux se rencontrent pour s’opposer au capitalisme.

Michaël Hardt et Toni Negri estiment que Occupy Wall Street, comme les autres mouvements d’occupation des places,remet en cause le système politique de la démocratie représentative. Surtout, ses campement expérimentent d’autres pratiques démocratiques. Des structures horizontales et sans représentants se développent.

Mike Davis, marxiste hétérodoxe, souligne l’importance de ce mouvement.Même si « sa colère s’exprime encore à un degré gandhien », ce mouvement peut rapidemment se radicaliser avec les effets de la crise du capitalisme. Il note les différences de classes sociales, d’âges, et de race. Ce mouvement parvient à fédérer différentes catégories sociales. Mike Davis estime que le mouvement doit se réapproprier de nouveaux espaces, s’attaquer au pouvoir économique et se construire dans la durée.

 

L’émergence d’un mouvement de contestation au sein des Etats-Unis peut paraître surprenant. L’élection d’Obama semblait plonger définitivement une gauche, déjà moribonde, dans l’attentisme électoral. Mais la crise du capitalisme accentue les inégalités sociales et la misère.

Ce mouvement d’occupation des places s’apparente à ceux qui éclosent en Espagne et en Grèce. Une population diverse mais peu politisée expérimente la démocratie directe pour lutter contre le capitalisme. Surtout, ses mouvements sociaux doivent conserver leur autonomie à l’égard des différentes organisations et des institutions pour construire sa logique propre. Les assemblées permettent de prendre la rue pour se rencontrer, discuter et décider collectivement. Cette démocratie directe doit maintenant se répandre pour occuper le monde.

 

 

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Pour aller plus loin:

 

OCL, [USA] Le mouvement Occupy Wall Street prend de l'ampleur, 9 octobre 2011

 

Site Des Nouvelles Du Front (consulté le 3 novembre 2011)

 

Déclaration du mouvement Occupy Wall Street

 

Un reportage radio sur le site Sons en lutte

 

"Pour une compilation de réflexions sur les mouvements des Indignés, Occupy, 15 M", Rebellyon (Mise à jour le 29/11)

Erica Lagalisse, "Participation et influence des anarchistes dans le mouvement "Occupy Wall Street", 10 novembre 2011

"Quelles perspectives ? Violence ou non violence ? Indignation ou révolte ?", Echanges n°138, automne 2011

Vidéos sur les Indignés sur le site d'Arte

Rédigé par zones-subversives

Publié dans #Actualité et luttes

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