Spectacle de la décomposition : édito n°61
Publié le 28 Novembre 2024
Le spectacle politique dégouline de vulgarité. La représentation devient pornographique. Le triomphe de Trump révèle ce capitalisme décomplexé. Le film The apprentice dévoile un personnage dont le succès repose sur les magouilles, le bluff et la corruption politique. Les grandes figures du capitalisme ont réussi avant tout grâce aux réductions fiscales et aux subventions publiques. La politique apparaît désormais comme le prolongement des magouilles capitalistes. Dur avec les faibles et faible avec les forts, les politiciens d'aujourd'hui se conforment à cette devise.
En France, le nouveau gouvernement cède aux pressions des capitalistes comme Bernard Arnault pour éviter des augmentations d'impôts sur les grandes fortunes et les entreprises. En face, la gauche se contente du spectacle de la protestation. Les outrances verbales entre politicards dans une arène parlementaire en vase clos priment sur la confrontation des intérêts de classe. Du NFP au RN, cette clique sinistre entend bien gérer le capitalisme sans remettre en cause les rapports d'exploitation. Le pouvoir, incompétent sur les questions économiques et sociaux, tente d'aborder les thématiques fétiches de l'extrême droite sans apporter la moindre réponse concrète.
Le Ministre de l'Intérieur singe les postures martiales comme un acteur endosse un rôle de fiction. Cette parodie de sarkozysme décomposé veut ajouter une nouvelle loi sécuritaire censée être la bonne cette fois-ci on nous le jure. Sans tirer le moindre bilan de l'inefficacité des lois précédentes. Les politiciens mettent en scène le spectacle de l'action sans pour autant agir concrètement. La "fermeté" de pacotille ne va pas endiguer la violence et la criminalité de manière pérenne. Le constat grandiloquent d'une "mexicanisation" du trafic suppose de s'attaquer à la corruption intrinsèque au sein de la police et du gouvernement.
Mais les larbins d'extrême droite préfèrent les postures et les outrances plutôt que les actes concrets. Les enquêtes journalistiques sérieuses, comme celles de Philippe Pujol ou de Roberto Saviano, montrent bien que les racines de la criminalité puisent au cœur de la société capitaliste. Il n'est pas évident que le pitre Retailleau envisage de s'attaquer à la misère sociale, aux réseaux de blanchiment, au culte de l'argent, à la quête de pouvoir et de revanche sociale. Les coups de mentons et les revues des troupes médiatiques risquent de ne pas suffire.
Quand à la compilation de lois racistes sur l'immigration, ce n'est que le reflet de la faillite d'une classe politique incapable de gérer un capitalisme en décomposition. À défaut de s'attaquer à la précarité, à la crise du logement et du système de santé, les politiciens préfèrent cibler les migrants. Les pseudo "difficultés d'intégration" ne sont pas liées à la race ou à la religion mais à un capitalisme à bout de souffle. La concurrence entre Français et immigrés vise à dégrader les conditions de travail. Au contraire, les grèves des sans papiers permettent d'imposer le respect des droits sociaux face au patronat raciste.
Il n'y a rien à attendre du spectacle politique. L'opposition à Trump ou à Macron ne viendra pas du parlement et des institutions. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes et sur nos luttes collectives. Les salariés de Boeing ou du secteur automobile ne se laissent pas endormir par les promesses électorales. C'est uniquement grâce à leur grève qu'ils ont arraché des augmentations de salaires.
Le mouvement aux Antilles contre la vie chère ouvrent également davantage de perspectives que les gesticulations parlementaires du NFP. La luttes des classes à travers le monde reste le meilleur point d'appui dans un contexte morose. L'opposition aux plans de licenciement ne doivent pas se réduire à des postures syndicales défensives. S'organiser à la base dans les entreprises et se coordonner à l'échelle locale doit également permettre de construire des contre-pouvoirs face à un patronat intransigeant. La mascarade du dialogue social ne peut alors plus effacer la nécessité des luttes et des grèves.
Sommaire n°61 :
Débat intellectuel
La revue Esprit et son histoire
Université et débats politiques
Partis de gauche
Le Rassemblement démocratique révolutionnaire
La gauche et les partis politiques
Luttes pour le logement
La lutte du Comité des mal-logés
États-Unis