Une histoire des communistes français
Publié le 27 Avril 2021
Explorer l’histoire du communisme français permet d’observer les forces et les limites du mouvement ouvrier. La confiscation des luttes sociales par les appareils, la tension entre radicalité et jeu institutionnel, la solidarité internationale et la résistance au capitalisme restent des enjeux toujours actuels. Le mouvement communiste s’attache également à la représentation des classes populaires. Au contraire, la démocratie représentative apparaît comme le contrôle du pouvoir par la bourgeoisie sous couvert de défense de l’intérêt général.
La Parti communiste reste un acteur incontournable de la vie politique française au XXe siècle. Malgré le sectarisme stalinien, des pratiques de solidarité et d’auto-défense de classe se développent dans les usines et dans les quartiers face au patronat. Loin des caricatures simplistes, il semble important d’observer cette ambivalence. L’histoire du Parti communiste français (PCF) permet également d’observer les mutations de la classe ouvrière et du monde du travail. Le PCF occupe une place centrale dans les luttes sociales, entre attachement au légalisme et postures révolutionnaires. Le PCF prétend représenter la classe ouvrière. Mais il se moule aussi dans la respectabilité républicaine et développe un nationalisme de gauche. Le sociologue Julian Mischi revient sur cette longue histoire dans le livre Le Parti des communistes.
Création du Parti communiste
La gauche de Zimmerwald crée un réseau international de minoritaires qui s’opposent à la guerre de 1914 et au nationalisme. Les bolcheviks, qui prennent le pouvoir en Russie en 1917, s’inscrivent dans ce courant. La révolution russe suscite l’enthousiasme des syndicalistes révolutionnaires et des anarchistes. L’émergence des conseils ouvriers s’apparente à une forme d’auto-organisation des prolétaires. Entre 1917 et 1920, de nombreuses grèves éclatent de manière spontanée. Des métallurgistes lancent même un soviet à Saint-Denis. Même si l’expérience reste isolée, elle illustre le souffle de la révolution russe. Ces luttes renforcent la CGT, mais surtout la minorité syndicaliste révolutionnaire.
La révolution allemande de 1918 est réprimée dans le sang par le pouvoir social-démocrate. Dans ce contexte, Lénine lance une Internationale communiste (IC). Cette nouvelle organisation internationale vise à rompre avec la social-démocratie et la légalité bourgeoise. Mais l’adhésion des syndicalistes révolutionnaires à l’IC repose sur un malentendu. Ils valorisent les soviets et l’auto-organisation tandis que les bolcheviks veulent s’appuyer sur le centralisme et la discipline.
En 1920, avec le congrès de Tours, la majorité de la SFIO rallie l’IC. Léon Blum et les socialistes sont donc minoritaires. Ce congrès exprime un rejet du parlementarisme et des élus. La critique libertaire des professionnels de la politique s’ajoute au sentiment de trahison de la part des dirigeants socialistes qui se sont ralliés à l’Union sacrée et à la guerre. Les « carriéristes » et les « arrivistes » sont suspectés d’utiliser le parti pour leurs intérêts personnels.
Le jeune Parti communiste, la SFIC, comprend de nombreux anciens militants socialistes. Mais il attire également des libertaires et des syndicalistes révolutionnaires. Cependant, à partir de 1921, la SFIC peine à se développer. Le nombre de grèves et la conflictualité ouvrière déclinent. L’Internationale impose l’obéissance et la discipline depuis Moscou. Les journalistes et intellectuels qui critiquent l’IC subissent une exclusion rapide.
La direction de la SFIC semble monopolisée par les enseignants et les intellectuels. Mais le parti favorise rapidement des candidatures d’ouvriers. L’IC entend contrôler les syndicats. Cependant, le courant de Pierre Monatte insiste sur l’action autonome et spécifique du syndicalisme révolutionnaire aux côtés du parti communiste. Cependant, des figures comme Gaston Monmousseau glissent du syndicalisme d’inspiration libertaire vers l’idée d’un parti d’avant-garde. Les cadres de la CGTU peuvent rapidement accéder à des postes de dirigeants du parti communiste.
Même si elles n’occupent pas de positions dirigeantes, les femmes restent nombreuses dans le jeune parti communiste. Alexandra Kollontaï, dirigeante bolchevik, estime que la révolution sociale doit s’accompagner d’une transformation radicale de la vie quotidienne. Elle critique les tâches ménagères et le mariage. Même si ces idées restent minoritaires. Les femmes luttent à la fois contre le capitalisme et contre la monopolisation du pouvoir par les hommes.
En 1923, Staline prend le pouvoir en Russie. La discipline de l’IC se renforce. Les dirigeants qui refusent de dénoncer Trotski sont exclus. Pierre Monatte, Alfred Rosmer et Victor Delagarde critiquent cette bureaucratisation qui privilégie l’obéissance plutôt que le débat. Le développement des permanents, qui appliquent la ligne du parti, forment une bureaucratie. La bolchevisation, relayée en France par Albert Treint, débouche vers une idéologie et une direction homogènes.
Bolchevisation et Front populaire
En 1924, l’IC impose la bolchevisation. Ce qui permet de former un groupe de dirigeants issus du prolétariat. Mais ce processus repose sur un fonctionnement hiérarchique et centralisé. Des cellules d’usines sont créées. L’entreprise reste considérée comme le lieu politique dans lequel se forge la « conscience prolétarienne ». « Parce qu’elles offrent un moyen d’assurer un ancrage militant dans les masses, les cellules d’entreprise constituent également, dans la stratégie révolutionnaire, un instrument de la conquête ouvrière de l’appareil de production », précise Julian Mischi. La bolchevisation insiste sur l 'ouvriérisation du parti. Des jeunes ouvriers, comme Jacques Doriot ou Maurice Thorez, deviennent des permanents. Un appareil bureaucratique se forme. La contestation de ce virage autoritaire reste portée par des élus et des intellectuels. La direction du parti dénonce alors un anticommunisme véhiculé par des individus considérés comme extérieurs au monde ouvrier.
Dans les années 1930, pour éviter les exclusions et l’instabilité, une politique de recrutement des cadres du parti se met en place. Les militants sont soumis à une biographie politique, mais aussi sur leur vie privée et familiale. De véritables enquêtes précèdent la nomination d’un dirigeant. Ce qui permet de promouvoir des personnes qui ne critiquent pas la ligne du parti. La formation des cadres se soumet au dogme marxiste-léniniste défini par Staline.
La CGTU permet de recruter de nombreux ouvriers. Le syndicat communiste délaisse les mots d’ordre idéologiques inféodés à Moscou pour privilégier les grèves locales et les revendications immédiates. Le parti communiste permet de promouvoir des dirigeants issus de la classe ouvrière. Cependant, ce sont surtout des hommes, des français et des travailleurs qualifiés. Les femmes, les immigrés et les ouvriers sans qualifications restent exclus des postes de direction. Ensuite, en devenant des professionnels de la politique, ces cadres communistes deviennent des bureaucrates qui s’éloignent de la condition ouvrière.
En 1934, les communistes nouent des alliances électorales avec les socialistes et les radicaux au nom de l’antifascisme. Cette sortie du sectarisme et le jeu des désistements permet au parti communiste de réaliser une percée électorale. Ensuite, l’antimilitarisme est abandonné au profit d’un nationalisme républicain. L’armée française est défendue comme un rempart face à Hitler. Les communistes arborent le drapeau tricolore et s’inscrivent dans la tradition de la Révolution française. Le parti communiste adopte un ton modéré pour maintenir une coalition électorale avec les socialistes et les radicaux. Le mouvement de grève de 1936 se déclenche de manière spontanée. Il se propage dans des secteurs peu syndiqués mais particulièrement touchés par la crise économique, comme la métallurgie et le textile. Les femmes participent activement à la grève.
Le Parti communiste se développe dans les années 1930 et recrute beaucoup de nouveaux militants. La classe ouvrière se concentre désormais dans des grandes usines qui deviennent des bastions communistes. Le parti s’implante surtout dans la banlieue parisienne mais aussi dans les milieux paysans. Les communistes s’appuient sur de puissants relais sociaux, avec le syndicat de la CGTU et des réseaux associatifs. Cette implantation et l’impulsion de luttes sociales permettent au parti de conquérir des bastions municipaux. Mais un décalage émerge entre la posture révolutionnaire et la gestion locale.
A partir de 1934, le parti communiste se veut un parti de masse qui influence la politique française. Il abandonne son ouvriérisme de la période « classe contre classe » pour s’adresser aux classes moyennes. Le parti recherche une respectabilité avec des militants qui abandonnent la casquette pour se donner une image de personnes exemplaires et disciplinées. Ensuite, les luttes sociales sont délaissées au profit de la gestion municipale. En 1936, le parti communiste appelle à arrêter la grève. Il estime que la population française n’est pas prête pour une révolution. Le parti communiste abandonne également la cause des femmes et défend la famille française. Il se range derrière les valeurs morales traditionnelles. La lutte anticoloniale est également délaissée.
Premier parti de France
En 1939, avec le Pacte germano-soviétique, le PCF est dissous par le gouvernement français. En 1940 s’impose le régime de Vichy et l’occupation allemande. Le parti communiste s’appuie sur son implantation sociale pour développer des réseaux de résistance. En 1943, le STO permet d’accueillir de nouvelles recrues. Les communistes deviennent une force centrale dans la Résistance. Avec la Libération, un gouvernement gaullo-communiste se forme. Toute perspective révolutionnaire, ou de prise de pouvoir par les forces issues de la résistance clandestine, est écartée. Les dirigeants communistes s’attachent à respecter la légalité républicaine.
En 1946, les élections législatives consacrent le PCF comme premier parti de France. La voie parlementaire doit permettre le changement politique, davantage que les luttes sociales. Les communistes insistent également sur la reconstruction nationale et s’opposent aux mouvements de grève, comme à Renault en 1947. Le PCF se veut un parti de masse qui entend représenter l’ensemble de la nation française, et non plus la classe ouvrière proprement dite.
Le PCF impose un stalinisme à la française qui s’ancre dans un nationalisme de gauche. En 1947, une vague de grèves éclate à Marseille et déferle dans plusieurs villes. Mais les communistes appellent à la reprise du travail et mènent des négociations entreprise par entreprise. L’URSS ne souhaite pas favoriser une insurrection. La ligne politique devient celle de la défense de l’indépendance nationale de la France face à l’emprise américaine. Ensuite, la direction du PCF vise à ne pas effrayer la population et défend une approche interclassiste de défense de la République et de l’industrie.
Le PCF favorise la promotion de femmes et d’ouvriers à des postes de cadres. Les syndicalistes qui animent des conflits sociaux sont scrutés pour devenir de futurs dirigeants du parti. Les femmes militent davantage dans les quartiers et les mairies. Beaucoup de femmes figurent comme élues, mais rarement comme dirigeantes de premier plan. Ensuite, les communistes défendent les valeurs familiales traditionnelles. Les femmes sont enfermées dans un rôle de mère et le PCF reste opposé à l’avortement. En 1956, les intellectuels s’éloignent du parti. Le rapport Khrouchtchev reconnaît les crimes de Staline. Ensuite, la révolte en Hongrie est réprimée dans le sang. Le PCF privilégie la voie légaliste et ne soutient pas les réseaux de soutien à la lutte pour l’indépendance en Algérie.
Durant les années 1960, le PCF subit une forte contestation. Des dissidences s’expriment et des courants rivaux émergent. Les trotskistes ou les maoïstes rivalisent avec les communistes dans l’agitation étudiante. Mais le PCF et la CGT sont également contestés dans les usines. Les trotskistes de Voix Ouvrière (VO), qui deviendra Lutte ouvrière (LO), s’implantent dans des secteurs dans lesquels la CGT reste peu présente. Surtout, Voix ouvrière reste ancrée dans les réalités de l’usine et parvient à impulser des grèves. Cette organisation s’oppose dans la pratique à la stratégie du PCF qui vise à la prise du pouvoir par les élections à travers des revendications abstraites et lointaines. Ensuite, la CGT regroupe surtout des ouvriers qualifiés. La CFDT parvient à syndiquer les autres catégories, supérieures et inférieures dans la hiérarchie de l’usine. Les cadres et techniciens, mais surtout les ouvriers non qualifiés, comme les jeunes et les immigrés, ne sont pas pris en compte par la CGT et rejoignent une CFDT qui monte en puissance.
Effondrement du Parti communiste
Le PCF dénonce le mouvement de Mai 68 et « l’aventure gauchiste ». Cependant, à partir de la nuit des barricades du 10 mai, les communistes dénoncent la répression. Le 13 mai, la CGT lance une importante manifestation. Mais le syndicat cherche à reprendre le contrôle sur le mouvement de grève. Surtout, la CGT tient à empêcher que des liens se tissent entre la jeunesse étudiante et ouvrière. Les communistes craignent un débordement de l’encadrement syndical et un mouvement qui leur échappe définitivement. Le PCF propose un gouvernement provisoire d’union de la gauche comme seule perspective. Il tient à rester dans le cadre de la légalité. Pourtant, les élections législatives, après la dissolution de l’Assemblée nationale, permettent une large victoire du pouvoir gaulliste.
Après Mai 68, la contestation ouvrière s’organise en dehors de l’encadrement communiste. Des comités de grève autonomes prennent en main la lutte, souvent soutenus par la CFDT. Des comités de soutien permettent de faire sortir la grève en dehors de l’usine, ce que refusent les communistes. Surtout, ces comités permettent aux gauchistes de s’impliquer fortement. Ces grèves sortent des revendications classiques de la CGT. Elles remettent en cause les conditions de travail et évoquent la santé des ouvriers.
Ces luttes sont souvent portées par des jeunes et des immigrés, alors que la CGT comprend surtout des ouvriers qualifiés. Les communistes ne se préoccupent pas des luttes de l’immigration, comme la grève des loyers dans les foyers Sonacotra. Au contraire, les gauchistes surfent sur cette conflictualité, avant de progressivement s’effondrer. Le Parti socialiste (PS) s’appuie également sur ces mouvements sociaux pour monter en puissance.
Dans les années 1970, la dynamique de l’Union de la gauche permet au PCF d’augmenter ses effectifs. De nouveaux profils sociaux se développent. Les enseignants, les travailleurs sociaux et les cadres de la fonction publique issus de familles ouvrières ou paysannes composent une grande partie de ces nouvelles recrues. Le PCF augmente également son nombre d’élus locaux, avec la gestion des mairies, mais aussi de permanents. Cependant, à partir de 1979, le PCF se recroqueville dans un repli sectaire de défense de l’appareil.
En 1981, la gauche au pouvoir reste dominée par le PS. Les communistes restent marginalisés, avec un faible score électoral et quatre postes ministériels. En 1983, les députés communistes votent l’austérité par solidarité gouvernementale. Même si la CGT est censée s’opposer à ces mesures. Le sectarisme et la défense du « bilan globalement positif » de l’URSS débouchent vers un effondrement des effectifs du PCF.
Les ouvriers deviennent minoritaires au sein du parti. La désindustrialisation provoque la fermeture des grandes usines. La classe ouvrière devient plus fragmentée. La précarisation et les petites unités de production ne permettent plus de s’organiser facilement sur le lieu de travail. Ensuite, le PCF abandonne ses cellules d’entreprise.
Les élus et les cadres de la fonction publique deviennent son unique base sociale. Ce qui peut provoquer des conflits sociaux entre les militants du PCF et les salariés des mairies syndiqués à la CGT. Avec Robert Hue, le discours de classe est abandonné au profit d’une vague indignation humaniste. Le PCF participe au gouvernement de gauche plurielle entre 1997 et 2002 qui mène une politique de privatisations. Ce qui contribue à discréditer davantage les communistes.
Stalinisme à la française
Julian Mischi propose un livre incontournable sur l’histoire du Parti communiste français. Son ouvrage volumineux se révèle accessible et agréable à lire. Il traverse l’histoire du mouvement ouvrier français. Mais son récit reste animé par des réflexions sociologiques et politiques majeures, et toujours pertinentes pour comprendre les mouvements sociaux actuels. Julian Mischi propose une socio-histoire du communisme français. Il évoque l’importance des réseaux militants et de l’ancrage local d’un véritable parti de masse.
La culture communiste s’appuie également sur des luttes sociales, certes locales et sectorielles, qui permettent de diffuser des pratiques d’auto-défense de classe. Cette dynamique de conflictualité sociale tranche avec la bouillie citoyenniste qui sert de dogme à la gauche radicale actuelle. Le PCF porte longtemps un discours de classe qui oppose clairement le camp des exploités à celui des exploiteurs, loin des délires sur « l’oligarchie » ou « les 1% ». Même si le PCF glisse, dès 1934, vers un nationalisme de gauche largement interclassiste, antifasciste et franchouillard.
Si Julian Mischi insiste sur ces aspects positifs, il se penche également sur le phénomène de la bureaucratisation du PCF. Certes, ces dirigeants sont issus d’un milieu ouvrier et reflètent la diversité de la société française. Loin de l’endogamie sociale qui caractérise la classe politique actuelle, y compris de gauche. Cependant, les élus et permanents communistes forment à leur tour une classe dirigeante qui doit respecter et faire respecter la ligne du parti. Cette bureaucratie s’éloigne de la vie quotidienne de la classe ouvrière pour prêcher une idéologie sectaire.
Néanmoins, Julian Mischi reste attaché à la formation d’une « élite militante populaire ». Mais c’est pourtant ce modèle du parti hiérarchisé qui débouche vers une séparation entre dirigeants et dirigés. La formation d’une élite militante, même d’origine ouvrière, ne peut que déboucher vers des pratiques autoritaires avec une classe dirigeante qui impose ses décisions au reste des militants. La formation d'une élite, même d'origine populaire, participe à la bureaucratisation des organisations du mouvement ouvrier. L'élite militante aspire davantage à maintenir son pouvoir et sa position sociale qu'à impulser des luttes pour transformer la société.
Julian Mischi propose un livre complet qui permet de comprendre l’importance du Parti communiste en France. Il évoque également le rôle du PCF dans les luttes sociales. Mais cette dimension centrale semble un peu trop noyée. Le livre de Julian Mischi pourra ravir les nombreuses personnes qui ont baigné dans la culture communiste. Sans pour autant gommer les zones d’ombres du nationalisme et de la bureaucratie. Il montre également le glissement vers un respect du cadre de la légalité républicaine. Mais le rôle ouvertement contre-révolutionnaire du PCF n’est pas clairement affirmé.
Le mouvement communiste joue avant tout un rôle d’encadrement de la classe ouvrière, avec son parti, son syndicat de la CGT et ses nombreux relais associatifs. Ce maillage social favorise une politisation de la classe ouvrière. Julian Mischi insiste bien sur cet aspect. Mais l’implantation communiste joue également un rôle d’encadrement autoritaire pour étouffer la moindre révolte spontanée. Les réseaux du PCF imposent la bonne manière de penser et cherchent avant tout à influencer voire à contrôler la classe ouvrière et ses moments de lutte.
En 1936 comme en Mai 68, le PCF et la CGT appellent à la reprise du travail. Ces appareils jouent clairement le rôle de briseurs de grève. L’objectif des communistes n’est évidemment pas la révolution. Le mouvement communiste défend les intérêts de la classe ouvrière, mais sans remettre en cause le cadre de la légalité bourgeoise et de l’exploitation capitaliste. Ce sont au contraire des révoltes spontanées, en dehors des partis et des syndicats, qui peuvent ouvrir des perspectives révolutionnaires. Le modèle marxiste-léniniste de la patiente construction du parti dévoile ainsi toute ses limites.
Source : Julian Mischi, Le Parti des communistes. Histoire du Parti communiste français de 1920 à nos jours, Hors d’atteinte, 2020
Extrait publié sur le site La Rotative
Extrait publié sur le site de la revue Contretemps
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Danielle Tartakowsky, Un siècle de communisme français, publié dans la revue en ligne En attendant Nadeau le 6 janvier 2021
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