Fascisation démocratique : édito n°58
Publié le 16 Janvier 2024
La classe médiatico-politique se livre à un déferlement raciste. Les débats dans les vieux médias tournent au nauséabond. De CNews à France Inter, de Zemmour au Parti communiste, l'idéologie réactionnaire et raciste devient la nouvelle pensée unique. La classe médiatico-politique, désormais sous l'influence ou la terreur de Bolloré, préfère causer immigration et sécurité plutôt que salaires et précarité. Il vaut mieux diviser les exploités plutôt que de chagriner le patronat. Cette mouvance de l'extrême-droite du capital arrive au pouvoir en Argentine et aux Pays-Bas. Les commentaires sur la politique internationale imposent également une grille de lecture ethno-raciale.
La classe médiatico-politique se range désormais unanimement derrière la théorie du Choc des civilisations. La lecture ethno-culturelle du conflit au Proche-Orient prédomine. La colonisation et l'occupation de la Palestine par Israël disparaît derrière un conflit entre Juifs et Musulmans. Toutes les belles paroles sur la lutte contre l'antisémitisme résonnent dans ce sens. Pour en finir avec les agressions contre les Juifs associés à Israël, il faut commencer à parler d'occupation et de colonisation plutôt que d'un conflit religieux à ne pas importer en France.
Le conflit oppose avant tout des dominants et des dominés, des colonisateurs et des colonisés. La classe médiatico-politique soutient le massacre en Palestine. L'ensemble des médias ont glausé sur le droit à la vengeance et ont vomis sur le droit international. La classe médiatico-politique s'est rangé derrière le fort pour exterminer le faible. Toutes les belles paroles sur le respect du droit international au moment de l'invasion de l'Ukraine résonnent désormais pour ce qu'elles sont : la défense du camp de l'Occident contre le reste du monde.
Contre la logique ethno-raciale, c'est la lutte des classes qui permet de sortir de l'impasse. C'est la seule lueur d'espoir au milieu des cadavres, des décombres et des exils. Les grèves et les luttes sociales en Palestine doivent reprendre leur cours. L'Intifada de 1987 est déclenchée par un mouvement de grève. En 2018, un nouveau cycle de luttes sociales a éclaté. Même si le Hamas et la bourgeoisie locale répriment les manifestations en Palestine, la grève reste une arme précieuse contre le colonialisme. De même la solidarité internationale entre tous les exploités, qui s'exprime à travers des grèves contre les livraisons d'armes, ouvre d'autres perspectives que le massacre sans fin.
En France, entre fait-divers médiatiques et loi contre l'immigration, le climat est au déferlement raciste. Entre remise en cause du droit du sol et préférence nationale, le camp républicain montre son vrai visage. Le racisme débridé est devenu la norme avec sondages bidons comme seul argument. Malgré le matraquage médiatique autour de l'immigration et de l'insécurité, ce sont la vie chère, la santé et le chômage qui restent les principales préoccupations de la population.
Face à cette loi raciste, la gauche se contente d'une indignation de bonne aloi. Cet antiracisme folklorique pour jours de fêtes semble ringardisé. Les associations traditionnelles type LDH ou MRAP y vont de leur rassemblement habituel programmé pour échouer. Les syndicats entendent se contenter de se joindre à ces manifestations symboliques. Les manifestations nocturnes et spontanées de la jeunesse peuvent pimenter cette soupe de l'opposition officielle et déclarée en préfecture.
L'analyse de classe sur l'immigration a disparu. Si l'État refuse de régulariser les sans papiers, c'est avant tout pour limiter leurs droits sociaux. Les immigrés doivent baisser la tête devant le patronat qui peut imposer des rémunérations et des conditions de travail indignes. C'est le sort que le patronat réserve à l'ensemble de la population. Au-delà de l'indignation morale de la gauche sirupeuse, la solidarité de classe doit triompher.
Surtout, ce sont les luttes de l'immigration qui peuvent permettre de sortir de l'impasse. Les grèves de sans papiers relient la question de l'immigration à celle de l'exploitation. Ces luttes de sans papiers se révèlent souvent dures, longues et déterminées pour espérer triompher. Néanmoins, l'occupation des chantiers des Jeux Olympiques s'est révélée efficace. Quand les immigrés sont visibles et ėcornent l'hypocrisie des valeurs républicaines, leurs luttes deviennent victorieuses.
Sommaire n°58 :
Histoire ouvrière
La liberté ouvrière au XIXe siècle
Karl Marx et les organisations ouvrières
La jeunesse militante de Maurice Rajsfus
Réflexions historiques sur le XXe siècle
Gilets jaunes
Retour sur la révolte des Gilets jaunes
Les limites du mouvement des Gilets jaunes
Sociologie du mouvement des Gilets jaunes
Nouveaux médias