La gauche contre les révoltes : édito n°47
Publié le 30 Juin 2021
En France, la gauche pourrissante dégage une odeur de stalinisme décomposé. Cette vieille gauche cherche avant tout à encadrer et canaliser les révoltes pour négocier un aménagement de l'exploitation et de la marchandise. Mais, même en l'absence de lutte, la gauche veut fliquer la rue. Le service d'ordre de la CGT n'hésite pas à agresser des personnes qui manifestent. C'est d'ailleurs son rôle historique : le parti de l’ordre. La nouveauté réjouissante, c'est de voir détaler les nervis staliniens face à la foule en colère. Évidemment, le ban et l'arrière-ban de la gauche ont fait allégeance aux méthodes staliniennes d'un autre âge. Tout en crachant sa détestation des Gilets jaunes et de la spontanéité incontrôlable de ce mouvement.
Cette même gauche bien-pensante s'est montrée un peu plus embarrassée lorsque les staliniens de la CGT et du PCF ont participé à une manifestation fasciste de flics qui exigent plus de répression. Il y a pourtant une forme de cohérence et de continuité entre les milices de la CGT et les bandes armées avec une carte tricolore. C'est le même rôle d'encadrement et de répression de la révolte.
Tout ce beau monde s'est ensuite à nouveau aligné sur le consensus mou de la gauche avec une manifestation antifasciste. L'objectif reste de recréer l'unité de la gauche derrière une idéologie gazeuse et inconsistante. Les attaques fascistes contre des occupations de théâtres ou d'universités sont à peine évoquées. Les fascistes restent avant tout des briseurs de grèves pour défendre l'ordre bourgeois. Dans ce sens, le bon vieux Otto Rühle reste pertinent dans sa dénonciation du "fascisme rouge" et des méthodes staliniennes. Même si les diverses coloration du fascisme n'ont plus vraiment le même potentiel militaire que dans les années 1930.
Ailleurs dans le monde, le stalinisme para-syndical n'est plus en capacité d'agresser des manifestations. Il reste alors les bonnes vieilles méthodes de la négociation, des élections et des institutions. En Algérie, le syndicat de l'UGTA plutôt d'obédience trotskiste lambertiste, joue la négociation et la pacification. Les élections doivent permettre un retour à l'ordre alors que les vendredis de la colère, mais aussi des mouvements de grève, se poursuivent. Les gauchistes algériens fantasment sur une nouvelle constitution pour permettre un retour à l'ordre. Cette stratégie à bien fonctionné au Chili. Les gauchistes se réjouissent d'une victoire dans les élections constituantes. Sans évoquer l'importance de l'abstention, révélatrice d'un mépris pour ce processus qui ne permet pas de changer la vie quotidienne de la population.
Les syndicats tentent également d'étouffer la révolte en Colombie. Les médias évitent d'évoquer ce sujet. Les gauchistes insistent sur la répression. Le nombre de personnes tuées, disparues, torturées et emprisonnées révèlent effectivement la violence de la démocratie colombienne. Mais il semble également important d'insister sur la puissance d'une révolte qui combine grèves et blocages d'axes routiers dans la belle tradition latino-américaine. Dans ce contexte, les syndicats colombiens se tournent rapidement vers le pouvoir pour arrêter un mouvement qui leur échappe. Là encore, le syndicalisme montre son vrai visage. Arrêter les grèves sauvages et les révoltes spontanées pour permettre un retour à l'ordre reste la priorité de la gauche.
Sommaire n°47 :
Polémiques médiatiques et racisme
Eric Zemmour et le nationalisme identitaire
Sociologie de la question raciale
Gauche française
Les militants communistes en France
Gauche radicale et stratégie populiste
Enjeux politiques pour la gauche
Révoltes mondiales
Nouvelles révoltes et classe moyenne
Nouvelle vague mondiale de soulèvements
Droite hollywoodienne