La révolution portugaise de 1974

Publié le 9 Mai 2024

La révolution portugaise de 1974
La Révolution des Œillets demeure un processus révolutionnaire complexe. Loin d'une transition démocratique pacifique, le Portugal est secoué par un véritable processus révolutionnaire. Ce sont les luttes anticoloniales qui provoquent l'effondrement de la diecture. Ensuite, les pratiques d'action directe et d'auto-organisation se diffusent largement. 

 

 

Le 25 avril 1975, la population se rassemble devant le commandement général de la gendarmerie portugaise. Le président du Conseil Marcelo Caetano s’est réfugié auprès des gendarmes. Les militaires qui ont provoqué la chute du régime diffusent une propagande pour enjoindre la population à rentrer chez elle. Néanmoins, le jeune capitaine qui commande les troupes ordonne une rafale de tirs sur la façade du bâtiment.

Cependant, la façade est aujourd’hui intacte. La « Révolution des Œillets » est considérée comme « pacifique » et sans violence. Le symbole reste les œillets placés au bout des canons des fusils. Néanmoins, 5 morts et des dizaines de blessés s’observent le 25 avril 1975 avec la population qui attaque le siège de la police politique. Mais les bâtiments du pouvoir sont devenus des immeubles de luxe. Lisbonne expulse les classes populaires du centre-ville pour attirer les populations fortunées du monde entier.

 

La révolution portugaise de 1974 reste méconnue et engluée dans les clichés. L’historiographie dominante se centre sur les élites militaires et politiques. Ensuite, ce processus révolutionnaire comprend différentes dynamiques qui s’enchevêtrent parfois confusément. La révolution portugaise semble donc difficile à analyser. La participation de la population ne se réduit pas à un dysfonctionnement qui parasite à la marge le jeu politique. En 1974-1975, ce n’est pas simplement une dictature et un empire qui sont renversés. C’est avant tout une remise en cause du système capitaliste, une transformation des rapports sociaux, une volonté de changer la vie quotidienne qui se produisent.

Toutefois, le « peuple » n’est pas monolithique et reste traversé par des contradictions. Le peuple peut aussi être catholique, chauvin et réactionnaire. Le peuple est donc révolutionnaire et conservateur, urbain et rural, ouvrier, paysan ou salarié du tertiaire. C’est cette diversité et les tensions qu’elle provoque qui explique l’instabilité du tourbillon révolutionnaire sur le Portugal pendant près de deux ans. L’historien Victor Pereira analyse la Révolution des Œillets dans le livre C’est le peuple qui commande.

 

                         C'est le peuple qui commande : la révolution des Oeillets : 1974-1976

 

Dictature militaire

 

La dictature militaire de Salazar perdure depuis 1932. Ce régime repose sur une alliance entre l’armée et le pouvoir politique. Cependant, en 1961, s’amorce un tournant. Salazar envoie l’armée pour conserver le territoire de Goa en Inde. Pourtant, les militaires portugais abandonnent après la mort de 17 soldats au bout de trente-six heures. Salazar transforme alors l’armée en bouc émissaire. Les militaires portugais sont engagés en Angola depuis 1961 et la situation se dégrade en Guinée-Bissau. Les indépendantistes bénéficient de missiles sol-air fournis par l’URSS. Une victoire militaire pour le Portugal est difficilement envisageable, mais le gouvernement refuse de négocier avec les mouvements de libération. L’alliance entre l’armée et la dictature s’effondre.

Salazar n’est pas un militaire, mais un universitaire. Il est professeur à l’Université de Coimbra, spécialisé dans les finances publiques. La république portugaise de 1910 demeure très instable. Surtout, l’Église s’oppose à ce régime anticlérical. Salazar baigne dans ce milieu catholique réactionnaire. L’armée lance un coup d’État en 1926. Cependant, les militaires ne peuvent pas gérer la crise économique. Salazar est nommé Ministre des finances pour redresser la situation. Il est considéré comme un bon gestionnaire du capitalisme par le patronat qui le soutient. Salazar est nommé président du Conseil en 1932 jusqu’en 1968.

En 1933, la Constitution de l’Estado Novo est promulguée. Le Portugal devient une République corporatiste qui prétend éliminer la lutte des classes au nom de l’harmonie nationale. Une dictature s’impose avec la censure et la police politique qui réprime les opposants. Les travailleurs sont privés du droit de grève et ne peuvent pas s’opposer librement. Salazar se tient à l’écart de la révolution espagnole et de la Seconde guerre mondiale. Après 1945, dans le contexte de la guerre froide, la dictature militaire est soutenue par les États-Unis comme un rempart face à la menace communiste.

 

En 1968, Marcelo Caetano succède à Salazar à la tête du régime. C’est également un universitaire d’extrême-droite, mais il cultive une image plus libérale. Il réduit la censure et autorise les syndicats. Mais des grèves éclatent en 1969 et la répression frappe à nouveau l’opposition sociale. Néanmoins, des réseaux de lutte peuvent se nouer pour jouer un rôle majeur en 1974.

En 1968, la guerre mobilise 42% du budget. Le conflit colonial en Angola s’étend en Guinée-Bissau en 1963 et au Mozambique en 1964. 800 000 jeunes portuguais sont envoyés en Afrique. Antonio Spinola devient gouverneur général de la Guinée-Bissau en 1968. Il affronte la guérilla du PAIGC d'Amilcar Cabral. L’armée applique les méthodes de contre-insurrection théorisée par les généraux français. Les combats militaires s’accompagnent d’une intense propagande.

Cependant, Antonio Spinola entrevoit difficilement une victoire militaire. Il envisage de négocier avec Amilcar Cabral. Néanmoins, Caetano refuse. Antonio Spinola affirme également des ambitions politiques. Il est soutenu par l’aile libérale du pouvoir qui envisage une réforme du régime. Une opposition maoïste se développe également dans la jeunesse. Ses militants ne refusent pas le service militaire et mènent une propagande active au sein de l’armée.

 

 

         L a Révolution des Œillets à Lisbonne (Portugal) le 25 avril 1974 ©Getty - Jean-Claude Francolon/Gamma-Rapho via Getty Images

 

 

Soulèvement des officiers

 

Le MFA (Mouvement des forces armées) émerge en 1974 pour organiser un coup d’État militaire contre la dictature et trouver une solution aux guerres coloniales. Le MFA se compose de jeunes officiers, souvent capitaines, à la tête des unités qui quadrillent les colonies. De la fréquentation de leurs troupes, ces officiers puisent la certitude d’incarner les aspirations des classes populaires. Le MFA s’amorce comme un mouvement corporatiste qui défend les intérêts des officiers. Cependant, les capitaines envisagent progressivement un coup d’État.

Antonio Spinola publie Le Portugal et son avenir en février 1974. Il dresse un réquisitoire contre la politique africaine du gouvernement. Mais sans remettre en cause la dictature. Le 16 mars, des officiers proches de Spinola se soulèvent. Mais la plupart des casernes qui auraient dû participer au coup d’État se rétractent. La colonne est facilement stoppée. Deux cent militaires sont emprisonnés. Néanmoins, le MFA se méfie de Spinola qui porte des ambitions politiciennes et ne remet pas en cause la dictature.

Au contraire, le MFA défend l’instauration d’un régime démocratique. Le MFA rédige un programme avec la conviction qu’il interprète les intérêts de la majorité du peuple portugais. Il propose le démantèlement des institutions de l’Estado Novo, notamment la police politique. Il s’engage à organiser l’élection d’une assemblée constituante, à amnistier les prisonniers politiques et à respecter les libertés publiques.

 

Le 25 avril, les capitaines du MFA sont suivis par leurs troupes. Ils s’emparent des moyens de communication, avec la télévision publique et les radios. Ils occupent des positions militaires, comme l’aéroport de Lisbonne et le quartier général de la région militaire de Porto. Le MFA ordonne à la population de rester chez elle. Les troupes chargées de réprimer le soulèvement rejoignent les insurgés. Les soldats et les officiers refusent de tuer ou d’être tués pour défendre une dictature que personne ne soutient. Spinola prend la tête de la junte militaire et tente de modérer le programme du MFA.

Le 2 mai 1974, les grèves se multiplient à travers le pays. Les travailleurs réclament de meilleurs salaires et des congés payés. Mais ils exigent également le départ des patrons, des cadres et de tous ceux qui ont collaboré à la surveillance et à la répression des travailleurs sous la dictature. Cette émergence des mobilisations populaires n’est pas du tout anticipée par les militaires qui ont lancé le coup d’État. Dès le lendemain de la chute de la dictature, des grandes manifestations spontanées surgissent dans tout le pays pour soutenir la Junte de salut national.

Les salariés occupent les locaux de leur syndicat unique pour contester les pratiques imposées par la dictature. Les hiérarchies et les dominations sont remises en cause et un vent de liberté souffle sur le Portugal. Néanmoins, la société demeure patriarcale. Les luttes des femmes et des homosexuels ne sont prises en compte. « Si la révolution des Œillets ébranle le statu quo politique, économique et social, remet en cause les pratiques autoritaires et donne de nouveaux droits, le conservatisme dans les mœurs ne disparaît pas immédiatement », observe Victor Pereira.

 

 

              

 

 

Luttes sociales

 

L’heure est aux tractations politiciennes et à la floraison de partis. Spinola reçoit les patrons qui souhaitent sortir du carcan de la dictature pour s’ouvrir au marché européen. Les partis sortent de la clandestinité. Le Parti communiste portugais (PCP), créé en 1921, demeure le plus ancien et le plus structuré. Le Parti socialiste de Mario Soares n’est créé qu’en 1973. Les partis maoïstes et trotskistes semblent groupusculaires, mais ils peuvent s’appuyer sur l’agitation sociale. Les militants gauchistes sont particulièrement visibles dans les manifestations. Ils soutiennent les luttes des travailleurs et des mal-logés. Pour s’opposer aux partis de gauche et au poids du PCP, Spinola multiplie les partis de droite conservateurs et libéraux.

Le gouvernement d’unité nationale doit immédiatement faire face aux grèves, aux occupations de logements et aux luttes étudiantes. La manifestation massive du 1er Mai reste pacifique. Les dirigeants syndicaux affirment leur soutien au MFA. Cependant, dès le lendemain, des grèves éclatent contre la hiérarchie dans les entreprises. Les travailleurs veulent être traités avec dignité par leur patron et ne plus se soumettre à une logique féodale forgée par la dictature. 1000 patrons et administrateurs doivent quitter leurs fonctions. Le rapport de force entre patronat et salariat a clairement changé. Certaines entreprises sont occupées par des commissions de travailleurs. Quelques expériences autogestionnaires émergent dès le printemps 1974. Dans ce contexte de luttes, le PCP appelle à la modération et à la reprise du travail.

Malgré l’instauration d’un salaire minimum des augmentations de revenus, les grèves se poursuivent. Le 27 août 1975, le droit de grève est légalisé. Néanmoins, il reste limité et encadré. Les grèves pour motif politique ou en solidarité avec des entreprises de secteurs différents restent interdites. Les occupations des lieux de travail sont également bannies. Cependant, dans la réalité, cette loi n’est pas appliquée. Des manifestations contre cette législation sont lancées. Le PCP s’oppose à cette protestation mais semble débordé par les luttes sociales. Spinola démissionne. Il accuse le MFA de conduire le pays vers une dictature communiste. Mais sa sortie fracassante ne provoque aucun soutien populaire.

 

Le 11 mars 1975 s’amorce un processus révolutionnaire. Le MFA affirme désormais un projet socialiste. Il se donne pour rôle de transformer radicalement le pays, ses structures économiques et sociales. C’est une tentative de putsch de Spinola qui renforce les fractions les plus radicales du MFA. Des nationalisations sont décidées dans le secteur des banques, du pétrole, du transport, de la sidérurgie, de l’énergie.

Le 11 mars relance également les mouvements sociaux. Les grèves portent sur les salaires, les congés et les conditions de travail, mais aussi sur le « contrôle ouvrier ». Les salariés doivent participer à la direction de l’entreprise. Ils doivent accéder à tous les documents sur les investissements, les achats, les ventes, les salaires, les recrutements. Le directeur général de la société Air Liquide ne peut pas accéder à son bureau.

Les élections du 25 avril 1975 permettent au Parti socialiste d’obtenir une majorité de 38%. La Constitution de 1976 impose une démocratie représentative avec un modèle parlementaire. Les droits sociaux sont pris en compte. Cependant, les références au pouvoir populaire et à la démocratie directe sont effacées. Le gouvernement de Mario Soares permet avant tout au Portugal d’intégrer l’Union européenne. Les espoirs de la révolution se sont effondrés.

 

 

              Révolution des Œillets dans les rues de Lisbonne le 25 avril 1974. ©Getty - Jean-Claude FRANCOLON/Gamma-Rapho via Getty Images

 

 

Autonomie ouvrière et démocratie

 

Victor Pereira propose un livre important pour comprendre la complexité du processus révolutionnaire au Portugal. Il souligne l’importance des luttes anticoloniales qui fragilisent une armée alors pilier de la dictature. Victor Pereira évoque évidemment les faits incontournables de l’histoire officielle avec le MFA et les tractations politiciennes autour de la transition démocratique. Surtout, il insiste sur la dynamique des luttes sociales avec les occupations d’entreprises et de logements. Ce sont évidemment les mouvements sociaux qui fondent l’originalité de processus de démocratisation au Portugal.

Il est possible de pousser l’analyse en considérant que les partis s’opposent à l’autonomie des luttes sociales. Le Parti socialiste s’appuie sur les élections pour fonder sa légitimité. Le Parti communiste s’affirme comme le relais du MFA qui aspire à un capitalisme d’État avec un important secteur nationalisé. Les groupuscules maoïstes et trotskistes prétendent incarner les mouvements sociaux pour mieux défendre leurs petits intérêts politiciens. En revanche, il existe une véritable dynamique de lutte qui entend bouleverser les rapports sociaux.

Les exploités n’attendent pas passivement les pitreries des partis pour se voir imposer une « transition démocratique » par en haut. Les prolétaires se saisissent de cette crise institutionnelle pour affirmer leurs revendications. Les grèves attaquent l’ordre capitaliste, avec sa hiérarchie et ses bas salaires. Les occupations de logements visent également à satisfaire des besoins immédiats sans attendre qu’un gouvernement légifère. Ces pratiques d’action directe et d’auto-organisation peuvent apparaître comme l’embryon d’une société nouvelle, en rupture avec les modèles de capitalisme d’État ou de démocratie libérale.

 

Néanmoins, ces luttes sociales restent également traversées par d’importants clivages. Les partis politiques récupèrent ces luttes pour défendre leurs propres intérêts. Surtout, diverses perspectives se confrontent. Le Parti communiste considère les luttes sociales comme un simple moyen de pression sur les institutions pour se faire une place au pouvoir. La grève dans un journal contrôlé par les socialistes visent à affirmer son influence et à contrôler la presse. Ce courant incarné par le MFA entend jouer un rôle au gouvernement et n’entend pas laisser le pouvoir au Parti socialiste.

Les sectes gauchistes avancent également leur propre agenda hostile à l’autonomie ouvrière. Ces groupuscules s’appuient sur les occupations d’usines pour leur donner un sens spécifique. Les gauchistes insistent sur l’idéologie du contrôle ouvrier. Cette démarche propose la transparence de la comptabilité de l’entreprise. Mais cette revendication ne vise pas à remettre en cause l’exploitation, le travail et la marchandise. Le contrôle ouvrier s’apparente à une forme de cogestion avec le patronat pour les recrutements et les investissements. La hiérarchie de l’entreprise est contestée mais pas remise en cause.

Au contraire, d’autres expériences entendent se passer des patrons et développer de véritables pratiques d’auto-organisation. Ce sont les salariés qui prennent les décisions dans les comités de grève et les assemblées. Néanmoins, si ces pratiques d’auto-organisation ouvrent des perspectives nouvelles, elles ne débouchent pas vers un processus de transformation sociale. Le Portugal, façonné par plusieurs décennies de salazarisme, reste en partie englué dans une idéologie conservatrice et patriarcale. Si certains secteurs de la société expriment des aspirations nouvelles, ils ne sont pas suivis par l’ensemble de la population. Néanmoins, la multiplication des grèves et des luttes sociales font de la révolution des Œillets un moment révolutionnaire majeur.

 

Source : Victor Pereira, C’est le peuple qui commande. La Révolution des Œillets 1974-1976, Éditions du Détour, 2023

 

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Pour aller plus loin :

Vidéo : "Face à la Rep'", Victor Pereira : "La révolution des Œillets est un moment unique de l'Histoire", diffusée sur le site La Rép des Pyrénées le 24 janvier 2024

Vidéo : Révolution des oeillets : les 50 ans, diffusé sur le site du NPA le 7 mai 2024

Vidéo : Le 25 avril 1974, la révolution des Oeillets commence, diffusée par Le Vent Se Lève le 25 avril 2020

Vidéo : Portugal - Des oeillets contre la dictature, diffusée sur Arte le 16 avril 2024

Vidéo : Des œillets pour la révolution, diffusée sur Arte le 18 avril 2024

Radio : Chroniques syndicales diffusées sur Radio Libertaire le 16 décembre 2023

Radio : La révolution des œillets au Portugal, avec Victor Pereira, diffusée sur le site Paroles d'histoire le 4 décembre 2023

Radio : 25 de abril, révolution des Œillets. Et la démocratie fleurit, diffusée sur France Culture le 24 avril 2024

Radio : Grandola Portugal : la révolution avec œillets rouges, diffusée sur France Culture le 2 avril 2024

Radio : Portugal, 25 avril 1974 : voyage au cœur d'une révolution, diffusée sur France Culture le 22 avril 2014

Radio : Émission La lutte des classes au Portugal (Sur la révolution dite des "oeillets" ou la transition démocratique portugaise), diffusée sur le site Vosstanie le 2 octobre 2014

 

Dominique Sureau (UCL Angers), Lire Victor Pereira : C’est le peuple qui commande : La Révolution des Œillets, 1974-1976, publié dans le journal Alternative Libertaire le n°346 en février 2024

Jean-Philippe Martin, Note de lecture publiée sur le site La Cliothèque le 15 novembre 2023

Boaventura de Sousa Santos, PORTUGAL. 1974 – Les espoirs déçus de la "révolution des œillets", publié dans le journal Courrier International le 24 avril 2014

Dossier : il y a 50 ans, le Portugal entrait en révolution, publié sur le site de la revue Contretemps le 25 avril 2024

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