Occuper le monde : un désir de radicalité
Publié le 21 Juin 2012
Occupations des places et assemblées populaires : les mouvements de lutte récents développent de nouvelles formes d’organisation. Un nouveau désir de radicalité s’exprime à travers le monde.
Face à la crise et aux plans d’austérité, de nouveaux mouvements de lutte s’organisent. En dehors des partis, des syndicats et des idéologies fossilisées, des assemblées populaires occupent l’espace public. De nouvelles formes d’organisation et de prise de décision se dessinent pour lutter contre la logique marchande. En revanche ses mouvements, malgré leur diversité, ignorent l’histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire. Surtout, ils semblent refuser de réfléchir à un autre projet de société, en rupture avec l’État et le capitalisme, pour se réapproprier tous les aspects de la vie. Pourtant, les courants les plus critiques de ce mouvement hétérogène élaborent des analyses pertinentes.
La revue Contretemps se penche sur ses nouvelles formes de lutte à travers une sélection de textes. Proche du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), la revue Contretemps prétend renouveler la réflexion de la gauche radicale. Si les militants du NPA et du Front de gauche se cantonnent à un discours réformiste de défense de l’État social, les articles de cette revue ne se limitent pas à des analyses banalement antilibérales. Surtout, malgré un héritage léniniste, les rédacteurs de cette revue s’intéressent aux nouvelles formes de luttes, plus horizontales et libertaires.
Une préface, par l’équipe de la revue Contretemps, livre des pistes de réflexions sur les révoltes en cours. La première grande crise du capitalisme au XXIème siècle se traduit par des conséquences sociales, avec une montée du chômage, de la précarité, de la misère. Surtout, les États se précipitent pour venir en aide aux banques mais imposent des plans d’austérité aux populations. Mais le peuple des places n’est pas une simple réponse sociale à la crise. « C’est un mouvement de créativité, un geste politique qui inaugure une nouvelle période » souligne la revue.
En France, le mouvement d’occupation des places semble faible. Les auteurs de la préface se contentent de se rattacher au mouvement contre le gaz de schiste et sur l’audit de la dette. Pourtant, ses mouvements s’inscrivent clairement dans une démarche citoyenniste et réformiste pour s’opposer à toute forme de rupture révolutionnaire. Mais les auteurs de la préface soulignent également les limites des organisations du mouvement social et les illusions réformistes. « Face à la généralisation de l’austérité, il serait illusoire de s’en tenir aux espérances électorales. Les leviers d’action des forces syndicales, si indispensables soient-ils, risquent de ne pas suffire. Les formes du grand mouvement à venir restent donc à inventer. Dans cette perspective, l’expérience d’Occupy et des indignés est un commun précieux » conclue pertinemment la préface.
La revue Contretemps publie des correspondances. Ses lettres permettent de souligner les liens entre les différents mouvements à l’échelle internationale. La lettre de Rebecca Solnit s’adresse à Mohamed Bouazizi, dont l’immolation a déclenché la révolte en Tunisie. Elle évoque une année de lutte, en 2011. Du « printemps arabe » jusqu’au mouvement Occupy, de nombreux pays dans le monde ont connu des révoltes d’ampleur. Les émeutes de Londres, les luttes en Espagne et en Grèce, le mouvement en Israël, les révoltes en Chine, la contestation au Chili: la cartographie de la colère sociale s’élargit toujours davantage. Aux États-Unis, le mouvement Occupy prétend mobiliser les 99 % de la population, tous ceux qui subissent leur vie, contre les 1 % qui monopolisent les richesses et le pouvoir.
Rebecca Solnit décrit le mouvement Occupy Wall Street, qui fonctionne sur des bases égalitaires et libertaires. « Mais c’est fondamentalement un mouvement sans chefs, c’est un mouvement anarchiste, mis en mouvement par la grâce de la société civile et le dur labeur du collectif. Le mouvement Occupy - comme tant d’autres de par le monde aujourd’hui - utilise les assemblées générales comme forme de protestation et comme processus. Ses membres ne se tournent pas vers les autorités, mais les uns vers les autres », décrit Rebecca Solnit. Comme dans la pensée et les pratiques libertaires, les moyens et la fin se confondent à travers la démocratie directe. Le mouvement définit ses besoins et ses désirs pour tenter d’inclure également une large majorité de la population. L’espoir ne provient plus des institutions et des politiciens, mais de la population elle-même.
Une lettre de « camarades du Caire », datée du 25 octobre 2011, s’adresse aux « camarades d’Amérique ». Cette lettre insiste sur la dimension internationale de la révolte. « Ce que la plupart des experts appellent le « printemps arabe » trouve ses racines dans les manifestations, les émeutes, la grève, les occupations qui se déroulent partout dans le monde » souligne le texte. L’histoire des luttes sociales ne commence pas en 2011. Les auteurs de la lettre soulignent que les intérêts des États et les intérêts du capital se confondent. La logique du profit et de la marchandise s’accompagne de la répression. En Égypte, l'occupation de la place Tahir devient décisive lorsqu'il devient possible de descendre dans la rue sans subir le harcèlement policier. La réappropriation de l’espace public et des places semble décisive pour s’organiser collectivement. « Ces espaces sont dédiés au rassemblement, au plaisir, à l’interaction » souligne la lettre.
Ses auteurs ne sont pas dupes des élections et du parlementarisme qui représentent surtout « l’idéologie de la possession et de la propriété privée ». Ils insistent sur la violence des affrontements, qui tranche avec l’illusion pacifiste et non-violente du mouvement de Wall Street. « Nous ne désirons pas la violence, mais nous désirons encore moins la perdre » estiment les égyptiens. Mais ils appellent à élargir ses mouvements pour « expérimenter une nouvelle vie sociale ». Ils insistent également sur la joie et le plaisir dans la lutte. « Résistez férocement lorsqu’on vous attaque, mais prenez plaisir à ce que vous êtes en train de faire - que cela devienne facile, drôle même » conseillent les auteurs.
Une nouvelle lettre du Caire, datée du 13 novembre 2011, dénonce les élections en Égypte. « Nous avons, partout dans le monde, appris de nouvelles façons de nous représenter, de parler, de vivre la politique directement et immédiatement. Et, en Égypte, nous n’avons pas fait la révolution dans le rue dans le simple but d’avoir un Parlement » tranche la lettre.
Les manifestes : entre réformisme et désirs de radicalité
Les textes collectifs des occupants des places sont publiés. Le manifeste de la Puerta del Sol, à Madrid, se défie des organisations. « Nous ne représentons aucun parti ni aucune association. C’est l’aspiration au changement qui nous unit » explique le texte. Les occupants luttent surtout contre une société marchande, sans remettre en cause explicitement les rapports sociaux capitalistes, l’exploitation et la propriété privée des moyens de production. « Nous sommes ici car nous voulons une société nouvelle qui fasse passer la vie avant les intérêts économiques et politiques » précisent les occupants.
Le manifeste Democracia Real Ya ! énumère une série de propositions qui visent à réformer le système économique et politique. Malgré une tonalité altermondialiste qui dénonce les excès de l’ordre social sans le remettre en cause, ce manifeste affirme le primat de l’humain et de la vie sur la logique de la marchandise, du profit et de la rentabilité. Ce manifeste attaque les partis de gouvernement et la minorité qui dépossède le reste de la population du pouvoir et des richesses. « Nous citoyens sommes pris dans l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité au mépris de nos besoins élémentaires » explique le manifeste.
Les propositions de la Puerta del Sol du 20 mai 2011 ressemblent au programme du Front de gauche et du NPA. Il s’agit de limiter les excès de l’exploitation et de l’oppression. Il s’agit d’aménager le système économique et politique plutôt que de le supprimer.
Le manifeste de la Place Syntagma à Athènes, daté du 28 mai 2011, attaque « gouvernements, Troïka, banques ». Les structures économiques et politiques de la société ne semblent pas pour autant remises en cause. Pourtant, l’appel révèle une aspiration à un changement radical. « Nous invitons tous les Athéniens, les travailleurs, les chômeurs, les jeunes et toute la société à occuper la place Syntagma et toutes les autres places, et reprendre leur vie en main » exprime le texte. Briser la séparation et l’isolement dans la vie quotidienne pour créer un espace de rencontre semble effectivement indispensable.
L’appel Sol-Syntagma du 9 septembre 2011 reprend les débilités réformistes diffusées en France par le NPA, le Front de gauche et les audits citoyens sur la dette. Les plans d’ajustement sont dénoncés, mais à travers une analyse keynésienne qui préconise une régulation du capitalisme pour sortir de la crise. Mais, il faut reconnaître que les analyses révolutionnaires se limitent au mouvement libertaire et semblent peu diffusées à travers le monde. Il semble probable que les occupants recrachent le discours le plus radical qu’il leur est parvenu.
La déclaration de l’occupation de Wall Street, datée du 29 septembre 2011, énumère les mesures des gouvernements successifs. En revanche, les propositions ne sont pas indiquées dans le texte. Les occupants privilégient la discussion dans les assemblées générales pour expérimenter la démocratie directe.
Mais le contenu politique de ses manifestes ne semble pas déterminant. Les analyses sommaires rejoignent la dénonciation d’une « oligarchie », plutôt que de la bourgeoisie en tant que classe sociale. En revanche, ses textes laissent transparaître une détermination et un désir de changement radical. Surtout, la dynamique du mouvement permet d’expérimenter d’autres manières de vivre et de s’organiser à travers les assemblées générales. Plutôt modérés dans leurs discours, ses mouvements semblent plus radicaux dans leurs pratiques.
Christos Giovanopulos se penche sur l’aspect le plus intéressant du mouvement: ses formes d’organisations. Les occupants refusent la logique de médiation et de représentation. Au contraire, le mouvement favorise l’implication et la libre participation de tous à la prise de parole et au processus de décision des assemblées populaires. Les groupes de travail et les assemblées thématiques, à travers des groupes plus réduits, permettent à tous de s’exprimer. Même si l’assemblée populaire demeure l’instance de décision.
Mais ses formes d’organisations ne surgissent pas de nulle part. Le mouvement ouvrier anti-bureaucratique a inventé ses propres formes de démocratie directe au cours de son histoire: les conseils ouvriers, les soviets, les communes, les communautés autogérées. Le mouvement anarchiste a également théorisé le fédéralisme pour relier les assemblées locales. Plus récemment, le mouvement du 15-M en Espagne s’inspire des pratiques des squats et des collectifs libertaires, notamment ceux de Barcelone. Aux États-Unis, David Graeber décrit l’influence du comité anarchiste. Ainsi les assemblées expérimentent le consensus comme mode de décision. Le consensus n’est pas l’unanimité, mais chaque participant peut bloquer toute décision si elle est jugée inacceptable. Mais ce droit de veto reste peu utilisé. Les mouvements d’occupation des places, loin de se conformer à une idéologie, expérimentent d’autres manières de décider et de s’organiser sur des bases égalitaires.
Angela Davis souligne la création d’une nouvelle communauté humaine. Les différentes minorités opprimées composent la majorité de la population. L’objectif devient la création de nouveaux rapports sociaux et l’abolition des différentes formes de domination.
Mais les occupants des places ne sont pas toujours aidés, dans leur réflexion, par les intellectuels altermondialistes. Michael Hardt et Toni Negri évoquent leurs concepts nébuleux des multitudes. Surtout, ils s’interrogent sur la possibilité et la nécessité de « proposer et de construire de nouvelles formes constitutionnelles ». Plutôt que de dresser des perspectives de rupture avec l’État et le capitalisme, ils préfèrent cantonner le mouvement dans un cadre banalement institutionnel et citoyen.
Naomi Klein dégaine le discours altermondialiste dans toute sa débilité. Elle ressasse sa fumeuse théorie de la « stratégie du choc » selon laquelle les capitalistes utilisent les crises. Naomi Klein peut ainsi éluder la véritable logique du capitalisme qui consiste à faire du profit, évidemment en toute circonstance. Surtout, dans son apologie béate de la non violence, elle dénonce les « fenêtres cassées » et les « batailles de rue ». En réalité, Naomi Klein défend le capitalisme puisqu’elle dénonce sa « cupidité effrénée ». Elle insiste sur les excès et les dérives du système économique, mais sans remettre en cause ses fondements et son existence.
« C’est un système dans son ensemble que nous devons remettre en question. Si nous nous opposons réellement à la « cupidité des entreprises », nous nous opposons au capitalisme lui-même » répondent des membres de la commune d’Oakland. Le discours réformiste portée par les médias, les altermondialistes et les intellectuels semble loin d’être hégémonique au sein du mouvement Occupy. Ce groupe d’Oakland dénonce également la théorie des 99 % de la population qui formerait un ensemble homogène face au 1 % qui détient le pouvoir et les richesses. Pourtant, la société semble traversée par divers conflits et plusieurs formes de dominations, patriarcale ou raciste par exemple.
Les 99 % englobent également les policiers et les forces de répression. « Il n’y a pas d’unité entre ceux qui cherchent à défendre le système de domination et ceux qui cherche à le détruire en créant un monde nouveau » résument les membres de la commune d’Oakland. Ils remettent en cause le dogme de la non violence et rappellent les émeutes qui se déroulent pendant les révolutions arabes. Les affrontements avec la police, loin de faire fuir des gens, agrège de nouvelles personnes. Surtout, les membres de la commune d’Oakland, au-delà du regroupement sur les places, esquissent un objectif stratégique: exproprier ou détruire les possédants et leurs richesses.
Leonidas Martin, jeune espagnol, décrit « La force sans nom ». Cette puissance collective et spontanée remonte à 2004 avec l’opposition à la guerre en Irak. Elle se poursuit avec le mouvement V de Viviendas et les luttes pour le logement et, dans cette continuité, avec le mouvement des occupations de place. Mais Leonidas Martin occulte l’histoire des mouvements sociaux et de la lutte des classes. Son analyse se base sur sa seule expérience qui semble se confondre avec le développement d’internet. Il semble donc indispensable de rappeler que des mouvements révolutionnaires ont existés avant l’avènement du crétinisme numérique, avant twitter, facebook et les blogs.
Mais Leonidas Martin exprime sa subjectivité dans la révolte. Pour lui « La force sans nom » de la révolte permet de lutter contre « La force cumulée » de la vie quotidienne. Il décrit cette « force cumulée ». « Elle est faites de frustrations, d’insatisfactions et d’illusions perdues. La force cumulée s’amasse quand tu fais des études et qu’ensuite elles ne te servent à rien, quand tu cherches une distraction et ne trouve que consommation, quand tu fais un travail que tu n’aimes pas » décrit Leonidas Martin. Il développe une critique radicale de la vie quotidienne à partir d’une expérience vécue par une grande partie de la population. Les raisons de la révolte semblent objectives et liées à des conditions de vie. Mais la colère porte aussi sa part de subjectivité pour vivre autre chose qu’une « vie de merde ». Le mouvement permet au contraire de rencontrer de nouvelles personnes, de briser la séparation, l’isolement et le ronronnement du quotidien.
Q.Libet, anarchiste américain, replace le mouvement Occupy dans son contexte. En 2008, des étudiants libertaires occupent leur université alors que l’économie capitaliste semble fragilisée par une nouvelle crise. Plus globalement, le mouvement des occupations s’inscrit dans le cadre de l’histoire des luttes aux États-Unis. Cette histoire s’achève au cours des années 1970 et une période d’« austérité ». Mais, la révolte reprend en 2011 avec un mouvement sans revendications. Cette lutte ne dénonce pas un « tort en particulier » mais un tort en soi ». « Ce « tort » en soi » est la structure impersonnelle de l’exploitation au cœur de notre système économique - la vente forcée de son temps et de son activité à un autre en échange d’un salaire - qui ne sera jamais dépassé par aucun changement particulier, mais seulement par un changement total » souligne Q.Libet.
La réappropriation de l’espace public et les discussions au cours des assemblées favorisent les rencontres. Les gens s’aperçoivent que leurs problèmes ne sont pas personnels ou individuels. Tout le monde subit les mêmes problèmes qui découlent de cette société marchande. Ainsi la révolution ne semble pas impossible. Même les dirigeants politiques observent les conséquences du capitalisme pourrissant. « A la base, on ne veux plus subir ce qui advient, et c’est l’exigence de la vie qui est à présent devenu un programme révolutionnaire » observe Q.Libet.
David Harvey, géographe marxiste, décrit la guerre de classe en cours. Un nouveau mouvement s’oppose au parti de Wall Street. Inspiré par la réflexion d’Henri Lefebvre, David Harvey insiste sur la réappropriation de l’espace public. L’occupation de places, près des lieux du pouvoir, permet de diffuser la révolte. « La présence de ses corps humains en de tels lieux transforme l’espace public en « communs politiques », en lieux ouverts aux discussions sur les agissements du pouvoir et sur les meilleures façons de s’y opposer » souligne David Harvey. La rencontre des corps dans la rue semble plus efficace que les tchats sur Facebook.
Le mouvement d'occupation des places nourrit la pensée critique. Avec la production de sa propre réflexion, ce mouvement refuse de séparer la théorie de la pratique. L'organisation des assemblées et l'expérimentation politique permettent de construire un autre projet de société.
Les textes rassemblés par la revue Contretemps reflètent la diversité de ses mouvements. Un discours réformiste rejoint les vieilles propositions d’un altermondialisme en lambeau. En revanche, un nouveau désir de radicalité s’exprime également. De nouvelles formes d’organisation s’expérimentent. Un mouvement de rupture avec l’Etat et le capitalisme peut se construire. Surtout, les occupants des places aspirent à se réapproprier leurs luttes et leurs vies. Ils expriment une nouvelle subjectivité radicale et participent à une libération de la créativité et des désirs.
Source: Collectif, # Indignés ! d’Athènes à Wall Street, échos d’une insurrection des consciences, Textes rassemblés par la revue Contretemps, Zones - La Découverte, 2012
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Pour aller plus loin:
Vidéo : Les Indignés d'ici et d'ailleurs, 3 ans plus tard
Pour une compilation de réflexions sur les mouvements des Indignés, Occupy, 15M, Rebellyon, 29 novembre 2011
"Quelles perspectives ? Violence ou non-violence ? Indignation ou révolte ?", revue Echanges n°138, Automne 2011
A.G.Schwartz, "Les assemblées anarchistes ouvertes", publié sur le site Infokiosques le 14 octobre 2012
Sophie Béroud, Quand les Indignés bouleversent le mouvement syndical espagnol, publié sur le site Terrains de luttes le 9 février 2015