Guérilla contre le TGV dans les Alpes
Publié le 9 Août 2011
Tranchées, arbres, rails de chemin de fer, terre, pierres : tout est bon pour bloquer l’avancée des camions et la poursuite des travaux. La police qui reçoit des jets de pierre préfère quitter les lieux. Depuis la fin du mois de mai 2011, le projet de relier par une ligne TGV l’axe commercial Lyon-Turin est perturbé par une forte opposition côté italien. Les habitants des régions alpines refusent de subir la destruction de leur environnement et cadre de vie au profit du développement économique. Un mouvement anti-TAV (Treno ad Alta Velocita, ou TGV) se construit depuis plusieurs années.
En France, l’écologie regroupe toutes les pourritures citoyennes et réformistes. La plupart des Verts, en dehors de quelques militants, soutiennent depuis longtemps la contruction de TGV car les marchandises doivent bien circuler. Ses réformistes politiciens préfèrent défendrent l’aménagement du territoire, la destruction des vies et des paysages, plutôt que les véritables intérêts de la population. Mais, en Italie, la contestation anti-TAV est portée par les habitants dans une perspective d’opposition radicale. Les actions de sabotage sont fortement soutenues et des vieilles femmes défilent avec des pancartes « Nous sommes tous des anarchistes insurrectionalistes ! »
Un article clair et informé décrit l’histoire de la lutte anti-TAV de l’autre côté des Alpes. La région du Val de Suze subit fortement la pauvreté en raison de sa situation géographique enclavée. Mais, cette région demeure surtout un lieu de lutte et de contestation. Le Val de Suze développe une forte résistance au fascisme et, dans les années 1970, le groupe armé Prima Linea arrête les trains pour discuter avec la population.
Le mouvement anti-TAV concerne toutes les groupes sociaux : jeunes et vieux, religieux et anarchistes, des écologistes et des anticapitalistes. Une pluralité d’actions, du pacifisme à l’action plus radicale, s’organise pour permettre à chacun d’exprimer sa révolte. Une importante solidarité existe au sein de la population. La volonté du pouvoir, relayée par les médias, de criminaliser les anarchistes et autres terroristes pour diviser la lutte ne cesse d’échouer.
Attaques au coktail molotov, vols et autres actions causent de nombreux dégats financiers pour ralentir les travaux sur le chantier. De 1996 à 1998, l’opposition au TAV s’exprime par des actions de sabotage. Mais l’Etat ne tarde pas à répliquer par des arrestations et des expulsions de squats anarchistes qui organisent la contestation. En revanche, la propagande des médias et du gouvernement contre les éco-terroristes se révèle inefficace dans le Val de Suze. Au contraire, la population se montre particulièrement solidaire avec les activistes, qui subissent une forte répression, et mène une véritable campagne en leur faveur. Des manifestations importantes sont organisées tandis que les squatters réoccupent les lieux expulsés et cassent les vitrines de centre ville. Les prisonniers seront finalement acquittés, mais après s’être suicidés. Toutefois, ils restent le symbole historique de la lutte.
Blocage des chantiers
A partir de juin 2005, et pendant 7 mois, la population manifeste pour bloquer la construction sur le chantier avec plus de 30 000 personnes. Les autorités du Piémont accordent un moratoire de 3 mois. Mais, dès octobre, des dizaines de milliers de personnes bloquent les routes, les voies ferrées et tous les axes de communication. Les flics interviennent dans la vallée pour imposer une véritable occupation policière. Mais le 16 novembre 2005, 80 000 personnes défilent. Les salariés se mettent en grève contre l’avis des syndicats. Le 8 décembre, la population bloque totalemement la région. Et 30 000 personnes affrontent les forces de l’ordre qui doivent reculer. Les chantiers sont à nouveau occupés. Avec les JO d’hiver de Turin prévus en 2006, le gouvernement négocie une trêve de 6 mois.
la population construit des presidio, qui s’apparentent à des lieux d’occupation et de surveillance. Ses baraques de bois se situent à trois endroits stratégiques pour bloquer l’avancée des travaux. La police n’intervient pas pour les expulser car plusieurs centaines de personnes occuperaient les lieux en cas de problèmes.
Fin mai 2011, la construction du chantier tente de reprendre dans la zone de la Maddalena. Le gouvernement italien subit la pession du gouvernement français et de l’Union Européenne pour accélérer la construction du chantier. Mais la résistance de la population n’a rien perdu de son dynamisme. La police doit partir après des affrontements avec la population. Les forces de l’ordre crachent leur gaz lacrymogène mais doivent faire face à une pluie de pierres. Le 3 juillet, plus de 70 000 personnes participent à une importante manifestation. Mais les travaux reprennent sous occupation militaire. Avec des hauts et des bas, cette lutte mobilise fortement l’ensemble de la population locale.
La ligne Lyon-Turin vise à permettre le transport de marchandises par tous les moyens. Mais les habitants du Val de Suze s’opposent à cette source de profits qui détruit la vie quotidienne et ne crée même pas d’emplois localement. Face à la logique du profit et de la vitesse, ils privilégient les besoins de la population et le temps de vivre. Les différentes luttes locales contre le TGV tentent de se coordonner afin de construire un mouvement contre ce monde marchand.
Histoire d'une lutte :
Sur le site A voix autre et dans le Bulletin de contre-info en Cévennes avec d’autres liens
Actualité de la lutte :
Receuil de textes traduits de l'italien sur le mouvement No-Tav, mars 2012
De nombreux articles, avec photos et vidéos sont regroupés sur Le Jura Libertaire
Le site Le Laboratoire est également exaustif
Radio :
Les émissions de l’Egregore sur le site Sons en lutte
Vidéo :
Reportage et liens vidéos sur La Télé Libre