Gouvernement du capital : éditorial n° 5
Publié le 28 Mai 2012
Le nouveau pouvoir ne bénéficie d’aucun « état de grâce ». L’ensemble de la population, y compris les électeurs du PS, ne se fait aucune illusion sur la présidence Hollande. La continuité de l'Etat prime sur le changement.
Le nouveau gouvernement puise dans la pépinière du socialisme municipal roué aux magouilles politiciennes et à la domination de ses habitants. A commencer par le Premier ministre : Jean-Marc Ayrault. Bureaucrate bon teint, il apparaît surtout comme le petit seigneur mégalomane de la féodalité de Nantes. Il impose à sa population la construction d’un aéroport aussi inutile que nuisible. Contre ses habitants, qui occupent la zone à défendre, il s’inscrit dans cette gauche capitaliste et productiviste près à sacrifier une région pour développer l’urbanisme. La nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, s’inscrit dans la même lignée. Mais dans une version grenobloise, avec ses entreprises de pointe et sa domination techno-industrielle.
Le plus célèbre Manuel Valls s’est vu attribué le ministère de l’Intérieur. Avec son discours raciste et sécuritaire, ânonné dans tous les médias, ses efforts se voient enfin récompensés. Arnaud Montebourg occupe, de son côté, le credo du patriotisme industriel. Les plans de rigueur sur le plan social vont donc s’accompagner d’un discours de haine de l’étranger sur le plan économique, pour tenter de mieux faire passer l’austérité et accuser le mondialisme.
Contre le flux d'informations, le recul sur les évènements immédiats semble toujours indispensable. L'actualité de la période qui s'écoule est marquée par l'agitation électorale et par un retour à la mode des idées pseudo radicales de Pierre Bourdieu, entre célébration béate de la sociologie critique et succès du Front de gauche. La critique du pouvoir, des élections et de toute forme de délégation se révèle toujours d’actualité. Les idées anarchistes permettent de mieux comprendre l’arnaque électorale. La réflexion de Léon de Mattis se penche sur l’analyse du vote et de l'Etat. Toute illusion sur une « gauche de gauche » doit également être écartée. La célébration du sociologue Pierre Bourdieu ne doit pas faire illusion. L’aménagement de l’exploitation et de la domination n’est pas une véritable solution. Les néo-réformistes s’appuient ainsi sur une sociologie critique inoffensive, baignée dans le conformisme universitaire.
Mais la critique du capital doit également s’accompagner d’une critique radicale de la vie quotidienne. Le courant freudo-marxiste, dans le sillage du psychanalyste Otto Gross, s’attache à politiser le quotidien pour valoriser une libération totale. Wilhelm Reich, thérapeute et militant, lutte pour la révolution sexuelle. Avec les situationnistes, la critique de la vie quotidienne provient davantage des avant-gardes artistiques. Les situationnistes analysent les nouvelles formes d’aliénation de son époque et participent à l’explosion de Mai 68. Leur pensée bénéficie d’une influence majeure, jusqu’aux Etats-Unis. Pour les situationnistes, comme pour les freudo-marxistes, la révolution sociale doit s’accompagner d’un processus de transformation de tous les aspects de la vie.
Sommaire de ZS n°5:
Réflexions sur le vote et les élections
Congédier la gauche (de gauche)
Luc Boltanski et la pensée critique
La psychanalyse contre l'ordre moral
Wilhelm Reich et la révolution sexuelle
Critiquer l'art pour passionner la vie