Les années hippies

Publié le 6 Août 2011

 

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J.-P Bouyxou et P.Delannoy, dans leur livre publié en 1995 sur L’aventure hippie, retracent l’histoire d’un mouvement mais surtout d’une époque: l’esprit libérateur des sixties a ébranlé la société de consommation.
 
 
Sexe, drogues et rock’n roll: ce cocktail subversif embrase les sociétés occidentales des sixties. Dans un bouquin qui date de 1995, J.-P Bouyxou et P.Delannoy font revivre l’ambiance d’une époque déjà lointaine. L’aventure hippie, pour reprendre le titre du bouquin, aujourd’hui vautrée dans le conformisme marchand et le folklore à la mode, conserve pourtant sa capacité subversive.
La contestation des sixties
Cette véritable contre-culture s’inscrit dans le souffle contestataire qui balaye les sociétés capitalistes des années 1960. En Hollande, les provos utilisent les actions originales pour diffuser des idées libertaires et écologistes. Aux Etats-Unis, les diggers attaquent la valeur marchande avec des repas gratuits et des free markets. En France, les situationnistes renouent avec la tradition du scandale pour repassionner la vie quotidienne. Tous ses mouvements exercent une véritable influence dans la jeunesse étouffée par le conformisme bourgeois. Les luttes de l’année 68 ébranlent l’ordre marchand. Mais, chez les hippies, il s’agit davantage de changer la vie que de changer le monde.
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La culture underground
J.-P Bouyxou et P.Delannoy replongent le lecteur dans l’atmosphère des sixties avec sa contre culture et son art underground. La beat génération puise dans la littérature de Kerouac ou Burroughs mais aussi dans la science fiction imprégnée de psychédélisme. Les cinéphiles se délectent des bons vieux navets désormais oubliés. Tous les genres se répandent: du film de kung fu au western plus ou moins spaghetti. La jeunesse danse au son de la music pop alors en plein essor. Les magazines underground et les fanzines se créent plus ou moins durablement. En France, Actuel incarne un nouveau journalisme issu de la culture gauchiste et des reportages gonzo venus des Etats-Unis. Récits de voyages, annonces pour fonder une communauté, culture pop et BD alimentent une presse foisonnante. L’acide et le LSD font planer les hippies dans un climat qui place l’imagination hallucinatoire au pouvoir.Enfin les communautés tentent de réinventer l’éducation et l’amour.
L’aventure hippie retrace également les échecs et limites du mouvement. L’exaltation de la drogue débouche vers la destruction d’un climat festif qui sombre progressivement dans la déprime et le bad trip. Les communautés se désagrègent avec la difficulté de la vie collective et les problèmes de subsistance dans un monde marchand. La route et les voyages ne permettent plus de découvrir d’autres sociétés et sombrent dans le repli sur soi et le tourisme.
actuel4Le plaisir au centre de la vie
Mais les hippies se démarquent de la grisaille gauchiste en replaçant le plaisir au centre de la vie. La liberté des mœurs apparaît comme la dimension la plus subversive de ce mouvement qui lutte contre l’ennui et la monotonie du quotidien. Les normes de la société bourgeoise avec sa mesquinerie, ses conventions et sa morosité volent en éclat. Les femmes luttent pour la contraception et la libération sexuelle afin de vivre comme elles le désirent. Les féministes estiment que seule une liberté sexuelle totale permet de supprimer la domination patriarcale. La camaraderie amoureuse des anarchistes se répand dans les communautés. La fête n’est pas un exutoire et une fuite temporaire de l’oppression quotidienne, mais fait partie de la vie. 
Mais cette libération sexuelle ne concerne en réalité qu’une infime minorité de la population qui se range progressivement dans le moule bourgeois. Surtout, les comportements individuels sont façonnés par l’éducation et la morale qui inoculent la jalousie et la possessivité. Pour construire une société qui repose sur le désir et l’attraction passionnée il ne suffit pas de se retirer dans une communauté et imposer une nouvelle morale. La révolution sexuelle doit détruire la société marchande et patriarcale pour transformer tous les aspects de la vie.
Les limites d’une expérience
A partir de 1975, la période dorée du hippisme fait face à la crise sociale. Les combines et la logique de la débrouille débouchent vers la misère lorsqu’il n’est plus possible de trouver un travail facilement en cas de problèmes financiers. Surtout, le hippisme devient un mode de vie récupéré par la société marchande, voire même une routine lorsque des pratiques marginales provoquent également l’ennui lié à la lassitude. Surtout, la décennie 1980 marque un tournant avec le triomphe des années fric. Les hippies s’intègrent à la société bourgeoise dans l’industrie de la musique, de l’édition et du journalisme. Les autres sombrent parfois dans la drogue et l’overdose. Actuel nouvelle formule devient un journal branché et commercial qui accompagne le pouvoir socialiste.
Mais, autour des années 1968, le mouvement hippie parvient à construire une contre-culture véritablement subversive et en rupture avec les conventions bourgeoises. Cette mouvance renvoie à l’individualisme anarchiste du début du XXème siècle et aux utopies communautaires américaines. Ses courants politiques insistent sur le mode de vie et le changement des mentalités. Il s’agit de construire une nouvelle société, mais à l’intérieur de la société capitaliste. Ses nouvelles pratiques puisent leur force dans la nécessité d’une émancipation immédiate sans attendre un Grand Soir. Pourtant, il semble indispensable de défaire le monde avant de le refaire. 
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Pour aller plus loin:
Dans une série d'entretiens vidéos Jean-Pierre Bouyxou, co-auteur de L'aventure hippie décrit le climat des sixties avec le foisonnement de la culture underground: 

Rédigé par zones-subversives

Publié dans #Contre culture

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