Contre l'aéroport et son monde : édito n° 7
Publié le 15 Novembre 2012
Le pouvoir écolo-socialiste impose la construction d’un aéroport par la violence et la brutalité. Les forces de l’ordre tentent d’évacuer la Zone à défendre (ZAD). Cet espace d’expérimentation et de lutte politique permet d’occuper le territoire sur lequel doit se construire un aéroport dans la région de Notre-Dame des Landes. Après les expulsions des Roms, des squats à Toulouse et à Paris, ce nouveau gouvernement apparaît bien comme celui de la matraque, de la répression et des expulsions.
Le film « laisse béton ! » décrit bien les enjeux de l’aéroport imposé par Jean-Marc Ayrault, Premier ministre et ancien maire de Nantes. Les intérêts économiques et politiques convergent au service de l’urbanisme et du profit. Il s’agit de conformer les individus au cadre imposé et de les conformer à un mode de vie de routine et d’ennui.
Mais cette lutte demeure partielle et très limitée. Elle se cantonne à un espace réduit et se contente de mobiliser les quelques habituelles cohortes d’anarcho-gauchistes de tendance néo-hippie. Certes pour combattre la logique mortifère du capital, il faut partir d’une situation immédiate pour diffuser des pratiques de luttes. Mais l'urbanisme, et l'emprise de la domination marchande sur nos vies, ne se réduit pas à Notre-Dame des Landes.
Les défilés syndicalistes, comme ceux du 14 novembre en France, se révèlent encore plus ridicules. Le Front de gauche n'a pas peur d'arborer une banderole « Députés PS nous ne vous avons pas élus pour voter l'austérité ». Les débris du stalinisme et du trotskysme pensent influencer le gouvernement par des interpellations citoyennes. Aujourd'hui le seul mouvement social qui peut se passer d'un rapport de force, c'est la fronde des patrons. Les « pigeons », ses poujadistes branchés, peuvent se contenter d'un petit buzz pour faire reculer le pouvoir.
Mais, dans un contexte d’austérité et d'injonction à la compétitivité, la priorité devient une insurrection poétique et orgastique qui embrase l’ensemble de la population et tous les aspects de la vie.
Ce numéro propose quelques pistes dans ce sens. Des articles évoquent les luttes sociales actuelles, mais aussi leurs limites. Des désobéissants aux mouvements des Indignés et Occupy , l’urgence et l’immédiatisme prime sur la construction d’un rapport de force dans la perspective d’un renversement social.
Le marxisme critique permet une analyse globale du capitalisme pour articuler théorie et pratique. Daniel Bensaïd renouvelle la pensée marxiste, avec une dimension romantique. Ernest Mandel s’attache à présenter les apports du marxisme à la pensée révolutionnaire. Pourtant, ses deux intellectuels trotskystes défendent le rôle du Parti et un bolchévisme désuet.
L’école et l’éducation fait également l’objet de quelques analyses critiques. Raoul Vaneigem souligne que l’institution scolaire réprime les désirs des individus pour les conformer à l’ordre marchand. Des universitaires évoquent les évolutions de l’éducation et de l'Etat qui diffuse les normes libérales et managériales. Pourtant, la défense de l’Université et de l’école demeure une illusion. L’école, bien avant l’ère néolibérale, permet surtout d’imposer des normes et des contraintes pour empêcher la jouissance des enfants.
La créativité dessine des pistes émancipatrices pour briser la routine de la vie quotidienne. Le mouvement punk exprime une créativité spontanée, rapidement récupérée et digérée par la logique du capital. Au contraire, les avant-gardes artistiques articulent leur démarche créatrice avec un projet révolutionnaire. Changer la vie et transformer le monde deviennent indissociable. La sensibilité artistique permet également de libérer l’imagination et les désirs. Le plaisir prime sur les normes et les contraintes de l’ordre marchand. Face à la domination de la compétitivité, de la rentabilité et de la performance, la jouissance devient une arme ravageuse.
Sommaire numéro 7 :
Nouvelles contestations sociales
Désobéissants et nouveaux militants
Mike Davis et les nouvelles luttes sociales
Marxisme révolutionnaire
Le marxisme hérétique de Daniel Bensaïd
Ernest Mandel et le marxisme révolutionnaire
Ecole et domination marchande
Ecole, discipline et répression des désirs
L’école à l’ère du capitalisme néolibéral
La défense de l’Université et ses limites
Créativité et libération des désirs
Le punk, une contre-culture dans le capitalisme