Vive les luttes : édito n°8
Publié le 31 Janvier 2013
En ce début d'année 2013, les luttes sociales ne faiblissent pas.
En Grèce, la révolte perdure. Les travailleurs du métro construisent un mouvement de grève, impulsé par des assemblées ouvertes. De nombreux squats sont toujours occupés malgré une répression toujours plus brutale.
En Egypte, les révoltes se poursuivent quel que soit le visage du pouvoir. De nouvelles pratiques de luttes émergent avec l’apparition d’un « Black Bloc » anarchiste.
En France, l’ordre règne avec le pouvoir socialiste.
A Lille, les sans papiers luttent toujours pour leur régularisation collective et immédiate. Même une grève de la faim ne suffit plus face à l’intransigeance du pouvoir. Le nouveau gouvernement ajoute même sa touche personnelle à l’empilement des lois racistes et sécuritaires. La circulaire Valls n’annonce pas vraiment de changement. Des sièges locaux du Parti socialiste sont occupés partout en France pour s’opposer au racisme d’Etat.
A Notre-Dame des Landes, la lutte contre l’aéroport de Vinci et Jean-Marc Ayrault subit toujours le harcèlement policier. Mais cette résistance ouvre une brèche dans la monotonie ambiante. Sur la Zone à défendre (ZAD), le discours n’est pas bien radical. Tout comme les différents collectifs de soutien qui ne semblent pas particulièrement énervés contre cette civilisation de la vitesse. Aucune critique de l’emprise de la technologie sur la vie quotidienne ne semble émerger. Mais, face à un capitalisme qui détruit les relations humaines, la ZAD tente de construire une nouvelle manière de penser, d’agir, de vivre. Malgré ses limites, cet espace d’expérimentation peut esquisser des pistes émancipatrices. Même si cette démarche semble encore plus faible que les communautés hippies des années 1970 qui tentent également de réinventer l’amour.
Et ce n’est pas le « mariage homo», stupidement rebaptisé « mariage pour tous », qui peut inventer de nouvelles relations amoureuses. Au contraire. Dans les années 1970, les mouvements homosexuels comme le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) ou le Groupe de Libération Homosexuel (GLH), proche du mouvement autonome, attaquent directement la norme, la famille et la répression sexuelle. Aujourd’hui, le lobby homosexuel et ses politiciens proches du PS veulent renforcer l’ordre existant et le généraliser.
Ce nouveau numéro revient sur des problèmes qui traversent nos sociétés. L’idéologie raciste, portée par quelques intellectuels médiatiques, se banalise. Plutôt que d’opposer exploiteurs et exploités, les nouveaux racistes préfèrent la division communautariste. Les quartiers populaires subissent en premier lieu le racisme et la répression policière. Le quotidien de ses habitants est rythmé par l’ennui et les problèmes judiciaires.
De nouvelles formes de dominations s’étendent sur tous les aspects de la vie. L’hypercapitalisme étend sa logique de rentabilité à toutes les sphères de l’existence. La bureaucratie diffuse ses normes et impose des procédures d’auto-contrôle intériorisées par les individus. La servitude volontaire devient une banalité quotidienne et la perte de sens caractérise toutes les activités humaines.
Face à ce constat, la lutte sociale apparaît comme la seule solution. Même si la contestation sociale peut montrer ses limites comme dans le Québec des années 1970 à aujourd’hui. Mais l’onde de choc de Mai 68 qui irradie la jeunesse révoltée semble plus encourageante. Le cinéaste Olivier Assayas décrit ce bouillonnement politique et culturel qui tente de rendre la vie passionnante.
Mais l’inventivité politique comme la réflexion intellectuelle semble s’être effondrées depuis. Le sociologue Franck Poupeau s’attache à montrer les limites de l’altermondialisme et de la sociologie dominante, sans faire de proposition à la hauteur de la période. Yves Citton se contente d’une politique des gestes et des pressions pour affronter le règne de la domination marchande.
Le freudo-marxisme de Wilhelm Reich apparaît comme une piste plus intéressante. La lutte des classes s’articule avec la libération du désir et du plaisir sexuel. La révolution sexuelle propose de détruire le capitalisme pour imposer un monde de jouissance. Pourtant, de nouvelles formes d’aliénations émergent dans le domaine de la sexualité. Le culte de l’orgasme devient une injonction à la performance et de nouvelles normes s’imposent. Mais, pour abattre l’ordre existant, seule une révolution érotique et orgastique peut permettre de développer la sensualité, la volupté, la jouissance.
Sommaire n°8:
Racisme et répression
La vie quotidienne dans un quartier populaire
Racisme médiatique et conformisme intellectuel
Aliénations modernes
Hypercapitalisme et vide existentiel
La bureaucratisation de la vie quotidienne
Repenser la lutte
François Saillant, un révolutionnaire au Québec
L’après Mai 68 du jeune Olivier Assayas
Sociologie, gauche radicale et pensée critique
Pressions et gestes pour agir contre le capital
Repenser la révolution sexuelle