Sécurité globale et vieille gauche : édito n°45
Publié le 28 Janvier 2021
On la savait moribonde, la gauche semble avoir signé son arrêt de mort. Des cartels de divers groupuscules insignifiants se sont imposés dans de nombreuses villes. Pilotés par la LDH et d'obscurs syndicats de journalistes, ces "inter-orgas" ont pour seul objectif de canaliser la révolte pour mieux l'étouffer. Cette vieille gauche reprend des pratiques d'un autre âge pour déployer son stalinisme mou.
Les premières manifestations contre la nouvelle loi sécuritaire révèlent pourtant que l'air du temps à changé. Une jeunesse découvre la lutte et la manifestation à cette occasion. Elle se dresse face aux violences policières, comme après la mort de Georges Floyd. Les images du tabassage d'un homme seul face à une horde de policiers déchaînés provoquent des manifestations spontanées.
Plutôt que d'agiter les drapeaux de groupuscules idéologiques, ces jeunes préfèrent confectionner leurs propres pancartes. Les nouvelles générations participent à des mouvements collectifs, mais tiennent aussi à apporter un point de vue plus personnel. Des cortèges de tête veulent également exprimer une conflictualité qui ne se laisse pas encadrer par les partis et les syndicats. Les manifs sauvages qui éclatent spontanément après la procession officielle s'inscrivent dans cette même dynamique.
Pour la vieille gauche, s'en est trop. Si les masses sont trop nombreuses et indociles pour être canalisées, il faut arrêter les manifestations. La gauche préfère une nouvelle défaite (elle a l'habitude), plutôt qu'un mouvement qui déborde du cadre strictement légaliste. La gauche s'est tenue à distance de l'irrévérence des Gilets jaunes. Mais elle craint aussi l'ensauvagement de sa jeunesse éduquée.
Les manifestations co-organisées par la gauche et la préfecture doivent suivre un chemin balisé. La manif ne doit pas être visible de la population. Des gens pourraient la rejoindre. Surtout, il ne faut pas perturber la reprise du commerce dans les centre-ville. La gauche sait faire allégeance au patronat quand il le faut.
Pour finir, la gauche institutionnelle s'allie avec son pendant alternativo-festif. Elle ramène des teuffers drogués et dépolitisés. Une techno inaudible, des canettes de bières et des crotes de chiens balisent le parcours. Le regard des passants respire le dégoût et le mépris. Mais la gauche préfère une jeunesse réduite à l'état de loques humaines manipulables plutôt qu'une jeunesse révoltée et déterminée. La gauche s'enferme dans la défaite et la marginalité pour désamorcer toute force collective.
En dehors de ces manipulations grossières qui ont étouffé les potentialités d'un mouvement, la gauche y va de ses déclarations tonitruantes, et non moins grotesques. Les quelques échauffourées en fin de manif suffisent à déclencher toute sa haine. Une secte anarcho-gauchiste ne nous épargne pas ses pleurnicheries pour soutenir les bureaucrates de la CGT. Le groupuscule anarchoïde semble se complaire dans le rôle de voiture balais d'une vieille gauche en décomposition.
De son côté, Mélenchon n'en rate pas une. Il se proclame lumière au bout du tunnel et vomit son racisme dévergondé. Quelques égratignures sur le mobilier urbain suffisent à déclencher sa fureur. Il dénonce un complot. Les casseurs et casseuses seraient des flics infiltrés ou des alliés objectifs du gouvernement.
On reconnaît la bonne vieille rhétorique stalinienne. On entrevoit la propagande de son ami Bachar contre la révolution syrienne qui serait une déstabilisation de la CIA contre un régime anti-impérialiste. Mélenchon président ? Ce serait la pire des catastrophes. Il n'hésitera pas à réprimer dans le sang toute forme de contestation sociale. Sous prétexte que ce seraient des manipulations de la droite et de policiers infiltrés. Face au camp de la gauche, incarnation de la morale et du Bien, toute forme de contestation sera férocement réprimée. La loi Sécurité globale vise à écraser la révolte qui s'annonce avec les licenciements, la montée du chômage et l'appauvrissement de la population. En cas de désordres incontrôlables, la bourgeoisie peut dégainer son ultime recours : la gauche.
Sommaire n°45 :
Critique du capitalisme néolibéral
Michel Foucault et le néolibéralisme
Face à l'offensive néolibérale
Privatisations et marchandisation
Pandémie et crise du capitalisme
Théories révolutionnaires
Karl Marx et la question de l'Etat
La Théorie critique et son effondrement
La théorie révolutionnaire de Guy Debord
Révoltes poétiques
Insurrection poétique de la Commune