Faire face au virus capitaliste : édito n°41
Publié le 18 Mars 2020
L’épidémie de Coronavirus ressemble à un scénario de film catastrophe. Dans ce climat apocalyptique, les informations médicales restent confuses. Même les professionnels de santé sont incapables de prévoir les conséquences précises de ce virus et encore moins de vaccin. Mais il semble difficile de se contenter de lancer des appels solennels au lavage des mains.
Les origines du Covid-19 sont évidemment liées au capitalisme. L’industrie agro-alimentaire et la mondialisation des échanges commerciaux alimentent le virus et sa propagation. Les catastrophes écologiques et sanitaires ne cessent de se multiplier. Les médias et les politiciens décrivent ces catastrophes comme « naturelles ». Mais les capitalistes ne s’en préoccupent pas lorsqu’elles ne remettent pas en cause leurs intérêts. La défense des profits à court terme prime sur les conséquences humaines de la logique d’accumulation et de rentabilité.
Le plus grotesque, c’est lorsque les Etats et autres pompiers pyromanes se posent en sauveurs. En Chine, les mesures d’urgence ont surtout permis de renforcer le contrôle autoritaire de la population. Mais le gouvernement français se réveille tardivement avant de montrer ses muscles pour multiplier les fermetures avant une mise en quarantaine de la population. Mais l’Etat adopte un ton paternaliste et méprisant. Il refuse de s’appuyer sur la responsabilité individuelle et collective de la population. Au contraire, l’Etat tente de renforcer son emprise et son contrôle sur nos vies.
Il n’y a rien à attendre de cet Etat bourgeois. Au mieux, il se révèle impuissant. Lorsque les salariés des hôpitaux tirent la sonnette d’alarme depuis des années, l’Etat ne réagit pas. Il faut que l’économie capitaliste soit menacée pour que la classe dirigeante daigne intervenir. Ensuite, l’Etat reste au service de la bourgeoisie. Ce sont les entreprises qui sont aidées en priorité. La catastrophe de l’ouragan en Nouvelle Orléans montre bien que les plus pauvres ne peuvent compter que sur leur solidarité de classe. Ce qui reste un atout bien plus précieux que l’Etat.
Ensuite, il ne faut pas se contenter de déplorer l’effondrement comme de vulgaires collapsologues. La crise actuelle déclenche déjà des luttes sociales, notamment en Italie. Des salariés lancent des grèves sauvages pour exercer leur droit de retrait. Des mutineries éclatent dans les prisons. Les révoltes doivent se propager plus rapidement que l’épidémie. En France, des luttes émergent de la même manière.
Les périodes de crise deviennent révélatrices pour les sociétés humaines. La peur peut provoquer des réflexes bien incorporés de chacun pour soi et de sauve qui peut, comme les pillages de masques dans les hôpitaux ou le stockage individuel de médicaments. Mais la crise peut au contraire renforcer la solidarité et la lutte collective. L’esthétique citoyenniste n’est plus à la hauteur des enjeux. Il faut dessiner des pistes pour sortir de ce capitalisme mortifère. Les situations de crise imposent de penser au soin voire au ravitaillement. Des formes d’auto-organisation et de solidarité immédiate doivent donner des pistes pour réorganiser la société.
Ce moment de confinement peut aussi permettre de prendre du recul et de sortir du flux de l'actualité immédiate. C'est un moment pour penser la société et surtout sa transformation radicale. Détruisons ce monde avant qu'il ne nous détruise.
Sommaire :
Les soviets et la révolution russe
L'anarchisme de Murray Bookchin
Débats entre socialisme et anarchisme
Les mouvements sociaux depuis 2016
Daniel Denevert contre la modernité marchande
Les jeunes activistes autonomes