Colère à Air France : édito n° 21

Publié le 24 Octobre 2015

Colère à Air France : édito n° 21

Un cadre d’Air France obligé de fuir des salariés en colère pour se réfugier derrière les CRS. L’image est belle et parle à tous. Malgré l’encadrement de la CGT et la dimension corporatiste, les employés osent affronter les cadres. Les petits chefs, les patrons, les larbins de la direction sont tous hautains et méprisants. Ils sont fiers de leur petit pouvoir et se complaisent dans l’humiliation. Chaque salarié a déjà eu envie de mettre une baffe à ce genre de personnage pour lui faire ravaler sa morgue. Mais seule la puissance collective des salariés en lutte permet de retourner l’humiliation.

Les exploités se soumettent, acceptent tous les efforts demandés par la direction, semblent se résigner et s’écraser. Et puis, à moment, ça explose. De manière imprévue, spontanée, brutale. Pour l’instant, ce sont des cas isolés à quelques entreprises touchées par des plans de licenciement. Mais il n’est pas interdit d’espérer qu’une telle colère se propage et se généralise.

 

Mais les politiciens n’aiment pas trop parler du chômage, des licenciements et de l’horreur du monde de l’entreprise. Pour eux, le problème ce sont les «migrants ». Dans les médias, l’hypocrisie de gauche semble tout aussi nauséabonde que les discours racistes des Zemmour et Finkielkraut. La presse de gauche s’évertue à distinguer les bons réfugiés qui viennent de Syrie des mauvais migrants qui ne viennent pas du bon pays et ne font pas assez pleurer dans les chaumières. Les journalistes ne perdent jamais une occasion pour opposer les exploités entre eux.

Les partis de gauche y vont tous de leur déclaration et rassemblement de soutien. Avec des discours généreux et creux. Avec parfois des arrières pensées politiciennes. Il faut bien sortir les drapeaux de temps en temps pour leur éviter de prendre la poussière, avec ses éternels rassemblements qui ne parviennent pas à troubler l’indifférence. Inversement, la solidarité concrète semble bien plus sympathique. Les migrants ne sont pas uniquement des pauvres victimes condamnés à crever au bord d’une plage. Ce sont aussi des gens qui se révoltent.

Des collectifs de lutte tentent de troubler la routine humanitaire qui consiste à traiter des gens comme des dossiers et des incapables. Des collectes de solidarité avec les migrants s’organisent également pour permettre une solidarité concrète loin de tout baratin politicien.

 

Le ralliement de l’économiste Jacques Sapir au Front National a secoué le petit monde intellectuel et médiatique. Au-delà de cette dérive, il semble important d’analyser et de critiquer l’impasse du nationalisme de gauche. Le repli sur l’Etat-nation n’est pas une solution. Autre phénomène médiatique, le brûlot d’Emmanuel Todd critique le conformisme des Charlie et ausculte les contradictions de la société française. Mais il sombre dans un républicanisme de gauche finalement assez classique et sans perspectives de renouveau politique. La Revue du Crieur attaque le conservatisme intellectuel et les nouvelles modes culturelles. Mais ses contributeurs restent attachés à la figure poussiéreuse de l’intellectuel de gauche. En Espagne, le mouvement Podemos ne fait que retaper les haillons de la social-démocratie derrière un habile marketing politique. Le syndicalisme renvoie à l’encadrement et à la radicalisation des luttes sociales. Même si des anarchistes et des gauchistes pensent qu’un mouvement révolutionnaire peut surgir de la routine syndicale.

Les nouvelles formes d’expression politique proviennent davantage de la contre-culture que des vieilleries militantes. Le mouvement hip hop propose de renouveler le langage de la révolte, à travers un style direct ancré dans la vie quotidienne des quartiers populaires. Le cinéma de Spike Lee importe à Hollywood la révolte urbaine issue du hip hop. Mais cette reconnaissance d’une culture populaire permet aussi sa récupération et son institutionnalisation. A Miami, le street art accompagne l’embourgeoisement des quartiers populaires.

Contre l’ordre moral et patriarcal, de nouvelles pratiques sexuelles peuvent émerger. A partir des années 1960, un mouvement de révolutions sexuelles permet aux femmes et aux homosexuels d’exprimer leurs désirs. La culture porno, malgré son conformisme marchand, permet également de rendre visibles diverses pratiques sexuelles. Même si la révolution sexuelle ne peut pas se développer dans le cadre de l’ordre existant. Une révolution sociale, créative, érotique reste à inventer.

 

Impasses de la gauche radicale

La mascarade du nationalisme de gauche

La crise Charlie et la société française

Évolutions intellectuelles et culturelles

Podemos : un mouvement-parti

Syndicalisme et bureaucratisation des luttes

 

Hip hop et cultures urbaines

Une histoire de la culture hip hop

Le cinéma hip hop de Spike Lee

Miami : art et urbanisme

 

Nouvelles sexualités

Les mouvements de révolution sexuelle

Réflexions sur la culture porno

Publié dans #Numéros complets

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