Front uni des réformistes : édito n° 14

Publié le 5 Mai 2014

Front uni des réformistes : édito n° 14

Un gouvernement de combat au service du patronat, une politique de classe au service de la bourgeoisie. Hollande et Valls abandonnent l’hypocrisie pour montrer le vrai visage de la gauche. Le sinistre Pierre Gattaz, annoncé comme un dirigeant du Medef particulièrement offensif et virulent, doit se contenter d’accompagner le gouvernement. Pour se démarquer, il se sent obliger de proposer la suppression du Smic. Réforme du code du travail, des retraites, de l’Unedic, pacte de responsabilité pour prendre l’argent des classes populaires et le donner aux patrons. C’est une véritable logique d’ensemble qui guide les gouvernements en France comme en Europe : l’austérité.

Mais les quelques luttes qui existent ne sont même pas à la hauteur de ce constat qui relève de l’évidence. Chacun lutte dans sa boîte ou contre "sa" réforme. Les étudiants luttent contre l’austérité dans "leur" fac. Les intermittents du spectacle luttent contre "leurs" annexes dans la réforme de l’Unedic. Les syndicats s’attachent à bien maintenir la séparation entre les luttes. Même si des coordinations, comme celles des intermittents et précaires, tentent de dépasser ce cadre étroit de la mobilisation ponctuelle et corporatiste.

 

Mais lorsque les partis et les syndicats sont critiqués pour empêcher une convergence des luttes, ils se contentent d'annoncer le 1er Mai. En 2014, un avant goût de cette mascarade est donné dès le 12 avril. C’est une manifestation du Front de gauche qui rassemble les groupies de Mélenchon. De quoi regretter les appels des syndicats à des traditionnelles manifestations interprofessionnelles. Les groupuscules libertaires se mettent à la remorque du Front de gauche pour cette mobilisation sans perspective.

Pourtant l’appel pour le 12 avril empeste le citoyennisme et la gôche dégoulinante de médiocrité. Défense des services publics, droit à l’emploi, à l’éducation et à la culture : le catalogue de revendications de la petite bourgeoisie d’Etat qui dirige l’extrême gauche semble complet. Avec l’inévitable appel à une « vraie gauche » pour mieux défendre les cadres de la fonction publique. Les gauchistes et les anarchistes préfèrent toujours répartir les richesses plutôt que de les abolir. C’est toujours le même éternel appel de la gauche du capital qui veut gérer et aménager la barbarie marchande pour tendre vers une société de fonctionnaires. 

L’appel se conclue par une liste de peoples, avec le comique électoraliste Christophe Alévêque, le moins comique mais bien nationaliste Aurélien Bernier, son lot de sociologues bourdieusiens et d’experts altermondialistes. De toute manière, ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent à chaque fois. La même avant-garde usée et ridiculisée qui croit pouvoir entraîner les masses pour défendre ses intérêts d'intellectuels d'Etat. Ils ont même ressuscité Georges Séguy le dirigeant de la CGT qui a combattu Mai 68 et défendu la reprise du travail dans les usines en grève. 

Ce n’est donc pas cette blague militante, avec un Front uni de tous les politiciens et bureaucrates, qui peut permettre de  combattre les politiques d’austérité. Seule une coordination de luttes organisées par les exploités eux-mêmes peut permettre de construire un véritable mouvement de révolte.

 

Ce nouveau numéro propose diverses pistes de réflexion pour comprendre le capitalisme et ses évolutions. L’historien E.P.Thompson propose une analyse de l’Etat et du droit à partir de révoltes dans l’Angleterre du XVIIIe siècle. Félix Guattari développe une critique du Capitalisme mondial intégré qui discipline davantage les individus. Alexandre Friedrich propose ses réflexions sur la compagnie aérienne easyJet qui impose un mode de vie standardisé.

En rupture avec la célébration grotesque de l’insurrection au Chiapas, le néo-zapatiste réellement existant peut être analysé et critiqué. Entre autogestion dirigée par des bureaucrates gauchistes et communautarisme identitaire, ce folklore toujours à la mode n’a rien d’un modèle. Mais le néo-zapatisme devient aussi une idéologie. Jérôme Baschet présente une critique pertinente du capitalisme, mais pour proposer entreprises alternatives et autogestion du capital. Pourtant le Mexique béniéficie d’une longue tradition révolutionnaire incarnée par les propos communistes et libertaires de Ricardo Flores Magon.

La lutte des intermittents du spectacle, acharnés à défendre le spectacle et la culture, révèle ses illusions. Au contraire, les surréalistes proposent une véritable critique de l’art à travers une révolte poétique. Les situationnistes développent une appropriation critique de ce mouvement, mais dénoncent sa récupération. La revue Front noir articule le surréalisme avec le communisme de conseils pour développer une critique implacable de l’ordre existant dans tous ses aspects. Pour changer la vie, il faut toujours transformer le monde. 

 

Réflexions critiques :

Guerre de classe dans l'Angleterre du XVIIIème

Félix Guattari, penseur de l'écosophie

La vie low cost selon easyJet

 

Mexique et néo-zapatisme :

L'imposture zapatiste au Chiapas

Le néo-zapatisme pour sortir du capitalisme

L'anarchisme révolutionnaire de Flores Magon

 

Insurrection surréaliste :

Le surréalisme, une révolte poétique

Une histoire critique du surréalisme

Le surréalisme de la revue Front noir

Publié dans #Numéros complets

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